Bonjour,
Merci pour vos messages.
hirondelle a écrit :
J'espère que son nouveau suivi va la porter...
Plutôt que l'hôpital psy, je verrais plus les unités mère bébé qui sont adaptées pendant les grossesses difficiles si tu estimes que c'est nécessaire à un moment.
A t elle parlé de ce mal être à un médecin (traitant, gynéco...)?
Son nouveau suivi a démarré et elle en est ravie. Ça la change de sa précédente psy qui l'écoutait juste, là elle la fait travailler et pousse les bonnes portes.
Toutes les personnes proches et les médicaux (médecin traitant, gynéco, etc.) sont au courant de la situation et sont toutes bienveillantes et disponibles pour d'elle.
L'unité mère enfant la plus proche est à 3h30 de route, on peut compter 5h pendant la saison touristique qui approche. Je suis au bout du rouleau physiquement, je ne tiendrais pas la distance avec autant de voyages pour lui rendre visite. Ça me fendrait le cœur d'être loin de mon petit garçon. Je passe chaque jour le plus de temps possible à le câliner, il semble apprécier. On a un petit code tous les deux, je fais toujours la même caresse sur le ventre de sa mère et il vient se coller contre ma main

Ma psy m'encourage à créer du lien et a rassurer le petit dans ce climat de tension. Si ma compagne est hospitalisée, il sera privé de contact rassurant. Bien sûr je ne suis pas obtus, si l'hospitalisation est nécessaire je ferais ce qu'il faut.
Depuis mon dernier message, ma compagne s'est enfoncée dans la dépression. Dans une sorte de puits sans fond extrêmement noir. Je me suis trouvé très en difficulté pour lui maintenir la tête hors de l'eau. Elle a fini par disparaître. Elle ne répondait presque plus, ne bougeait presque plus. Elle était enfermée dans une spirale d'angoisse, convaincue que tout allait disparaître. Sa culpabilité face à l'infidélité a atteint des sommets, à mille lieux de la raison. Elle était aussi persuadée de faire du mal au bébé depuis le début, par son stress, sa mauvaise alimentation, mauvaise hydratation, etc. Évidemment il n'en est rien, je veille sur elle depuis le début. Son imagination tournait à cent à l'heure : le petit allait devenir autiste à cause du stress, j'allais la quitter, tout allait disparaître car elle n'était plus digne de rien. J'ai eu très peur, je l'ai interrogé sur la mort et je n'ai pas obtenu de réponses satisfaisantes. Alors j'ai ouvert devant elle son historique de navigation et j'ai trouvé des recherches sur le cyanure, elle a cherché à en acheter. Elle m'a répondu que c'était au cas où je la quitte, qu'elle préférerait en avoir en cas de besoin. Le tout sur un ton laconique comme si on parlait d'un paquet de chewing-gum. Ne pouvant gérer le risque suicidaire, je l'ai amené aux urgences psychiatriques. On a été très bien reçu, l'urgentiste m'a dit que les pensées suicidaires avaient existé mais qu'il n'y en avait plus, donc qu'elle pouvait rentrer. Il m'a certifié qu'on ne pouvait pas acheté de cyanure si facilement (ouf). Et il a repris avec elle tous les points médicaux qui la font mouliner toute la journée. Par contre il n'a pas souhaité l’arrêter pour qu'au moins au boulot elle ne rumine pas.
On a continué à vivoter une semaine. Elle continuait de ruminer les mêmes choses, et à avoir les mêmes peurs. Impossible de la raisonner. Même la psy n'a pas réussi. Elle était hermétique à tout ce qu'on pouvait lui dire pour la rassurer ou la raisonner. Je l'ai encouragé à s’arrêter de travailler, je ne la sentais plus capable de conduire et d'avoir des responsabilités. Il y a quelques jours je l'ai amené à une consult de grossesse. La gynéco était inquiète de la trouver si basse, avec l'accouchement qui approche (dans 3 mois). Elle lui a proposé de nouveau un traitement anti-dépresseurs, ma compagne a refusé, mais la gynéco lui a laisser trois semaines, après cela, sans amélioration de son état il faudra faire quelque chose.
Puis elle s'est mise à avoir mal au ventre non stop. Il était devenu en béton, impossible d'interagir avec le petit deux jours de suite. On est allé aux urgences gynéco. Résultat, contractions. J'ai bien cru qu'on allait rencontrer notre garçon à 26 semaines ! Elle doit se ménager et rester alitée autant que possible. Au moins là, la question de reprendre le travail ne se pose plus. Depuis elle se repose et reprend des couleurs. Elle est monitorée à domicile toutes les semaines désormais. Je sens que les discutions de ce week-end ont été payantes, je sens que mes mots commencent à raisonner en elle et qu'elle même commence à raisonner et à mettre par instants ses délires de coté. Tout est fragile, quand je m'absente au travail, son petit vélo mental recommence à pédaler.
J'ai passé un excellent week-end d'amour et de tendresse au milieu de tout ce noir. Je ne la lâche pas d'une semelle. J'ai mis de coté la création de mon entreprise, je ne peux pas tout faire et après avoir essayé de tout mener de front, j'ai décidé qu'elle était ma priorité. Depuis je trouve cela bien plus simple de ne me concentrer que sur elle. Tout est déployé pour sa remontée : ostéo, homéo, acuponcture, psy, et présence des proches. Tout pour respecter sa volonté d'éviter les traitements. Ce soir j'ai de l'espoir, je l'avais un peu perdu. Je retrouve un petit bout de plus de ma femme d'amour chaque jour, je m'accroche à ça et à mon petit bonhomme câlin pour la soutenir. C'est dur, des fois je craque, des fois j'en ai marre de répéter pour la millième fois que les biscuits, le manque d'eau, le stress, ne font pas des enfants handicapés et que non je ne vais pas la quitter parce que c'est une salope. Je l'aime mais je suis fatigué, mais pas assez fatigué pour la lâcher.
Bonne soirée
