Je suis enceinte de mon deuxième enfant. Je viens tout juste de passer le cap emblématique des trois mois. Mon premier enfant, un petit garçon adorable, est né le 19 octobre 2017, deux jours après avoir célébré mes 39 ans.
Mon passé et mon présent sont très complexes à décrire. Trop complexe en tout cas pour que je m’attèle ici à sa description. Mon époux a lui-même été malmené par la vie et nous portons l’un comme l’autre des cicatrices difficiles à guérir. Malgré cela, nous avons décidé de croire à la vie en fondant notre famille. Conscient des répercutions que pourraient avoir nos histoires respectives, nous sommes particulièrement attentifs au bien-être de notre fils et sommes suivis chacun par un psychologue.
Notre premier enfant était désiré tout comme celui que je porte aujourd’hui. Cependant durant ma première grossesse, j’ai souffert de tocophobie, à priori primaire, associé à une phobie des aiguilles et des maltraitances médicales. J’ai eu la chance de trouver au sein d’une clinique privée, une équipe qui m’a littéralement portée et m’a offert une prise en charge d’une rare bienveillance et un accouchement qui n’a laissé très heureusement aucune séquelle psychologique. Lorsque l’on m’a présenté mon fils, je l’ai instantanément reconnu. Le calvaire psychologique de la grossesse s’en trouva immédiatement « effacé ». Médicalement parlant, ma grossesse avait été par ailleurs d’une déconcertante facilité. Aucun symptôme habituel à déplorer.
Ma seconde grossesse à débuter sur les chapeaux de roue, un mois après mes quarante ans et seulement quinze jours après l’arrêt de la pilule. Incrédule le premier mois, j’ai petit à petit développé des crises d’angoisses, persuadé entre autre que j’allais perdre ce bébé conçu trop rapidement. Les nausées sont apparues, puis je suis tombée malade (rhinopharyngite) sans pouvoir me soigner. J’en suis sorti exsangue. Rajoutez des fêtes de fin d’année en familles cauchemardesques…
Je suis enfant unique et mes deux parents sont morts. Je n’ai aucune famille sur laquelle compter et mes rares amis sont loin de moi suite à la mutation de mon époux dans une ville à laquelle nous ne parvenons pas à nous habituer. Ma belle-famille est toxique et mon époux se débat avec. Seule l’équipe de la clinique nous soutient. Bref, nous sommes très isolés.
Depuis un mois, je souffre d’un état dépressif. L’épuisement me rend apathique, je ne sors que rarement de mon lit et de chez moi tant je suis vidée. Je m’occupe de mon fils à la maison et c’est de plus en plus compliqué tant je suis irritable. Je culpabilise de ne pouvoir lui consacrer tout le temps nécessaire à son développement ni suffisamment de vrais et francs sourires. Je me débats avec des crises d’angoisse durant lesquelles je panique à l’idée de perdre mon bébé (fausse couche, mort in utero). Je limite mes actions, redoute les efforts, les moindres tiraillements et points de côté dans le bas-ventre, les douleurs de dos. Je vérifie plusieurs fois par jour que je ne saigne pas… Je redoute les gestes brusques de mon fils qui, rempli d’enthousiasme et de velléités d’indépendance, donne des coups de pieds dans tout les sens, certain dans mon ventre… J’en pleure parfois de crainte. L’épuisement psychologique qui s’installe me rend irritable, incapable de canaliser l’angoisse qui monopolise mes pensées. J’ai du mal à accomplir des tâches simples et j’oublis beaucoup de choses. Et quand je m’en rends compte, cela provoque un pic d’angoisse qui se manifeste par une vague ou une boule désagréable au niveau de la poitrine associé parfois à des étourdissements. Dans ces moments là, je ne peux plus rien entreprendre, je pleure et la colère monte car je ne veux plus rien avoir à faire, je veux qu’on me laisse tranquille.
Mon âge me fait entrer dans une catégorie médicale qui alourdit la prise en charge et accru les risques. Il ne se passe pas un jour sans que je tombe sur un article dans la presse d’actualité qui parle de fausse-couche… Pourtant, je veille à ne consulter absolument aucun site médical qui pourrait accentuer mon mal-être… Maux de tête, nausées d’angoisse, problème important de concentration, épuisement, solitude et oisiveté aggrave la situation.
A ce stade de la grossesse, ma gynécologue confirme que tout se passe à merveille. Déjà 3 échographies et test Trisomie 21. Rien à signaler… Tous les voyants sont au vert. Et pourtant…
J'hésite à solliciter la prise d'anxiolytiques. D'abord en raison des risques tératogènes. Ensuite, parce que de nombreuses tentatives hors grossesse m'ont démontré l'inutilité de ces produits....
Si vous en êtes arrivé jusqu'ici, merci de m'avoir lu


Athénaïs