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Qu'est-ce que le baby blues ?

Bébé vient d’arriver et vous ne comprenez pas ce qu’il se passe en vous : vous passez du rire aux larmes en quelques secondes, votre bonheur est ponctué d’un profond sentiment d’angoisse, vous perdez l’appétit alors que vous avez besoin de reprendre des forces après votre accouchement… Vous êtes probablement en train de vivre le si médiatisé baby-blues. Quand a-t-il lieu ? Comment en reconnaitre les symptômes ? Combien de temps dure-t-il ? Comment passer au travers de cette étape ? On fait le point sur le baby blues après l’accouchement pour permettre à toutes les mamans de comprendre ce qu’il se passe en elles après la naissance d’un enfant : changements hormonaux, troubles de l’humeur, état post-partum, etc.

Le temps du baby blues
Définition du baby-blues
Ni obligatoire, ni pathologique
Un état transitoire bref
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    Les référentes Maman-Blues

    Baby blues : définitions et caractéristiques

    Aussi appelé blues du 3e jour, post-partum blues, blues des mères, home blues, cafard des accouchées et même fièvre de lait autrefois, le baby blues fait parler et il est difficile de savoir quelles informations garder.
    L’acte de naissance officiel du baby blues date de 1952 dans un article de James Moloney paru dans une revue de La Nouvelle-Orléans, sous le terme de « blues du 3e jour ».
    « Blues », car le bleu est la couleur synonyme du cafard, de la tristesse, de la mélancolie ou du deuil pour les Anglo-Saxons, ce qui semblait correspondre aux légers symptômes dépressifs de cet état : fatigue, découragement, crises de larmes et difficulté à penser clairement.

    Définition et durée du baby-blues

    Lorsque l’on parle de baby blues, de quoi s’agit-il vraiment ?
    C’est en fait un état dépressif passager qui surgit inopinément dans les premiers jours qui suivent la naissance. On peut le comprendre comme étant le contre coup normal de cet évènement. Un temps d’adaptation nécessaire et compréhensible à un grand bouleversement émotionnel. Plusieurs explications, physiologiques ou psychologiques sont avancées pour expliquer sa venue, nous les explorons dans la 2e partie de l’article.
    Le baby-blues est donc un évènement transitoire qui ne dure que quelques jours. Dans le cas de mamans de bébés prématurés, le baby blues commencerait au retour de l’enfant à la maison.
    Ce qu’il faut absolument retenir sur le baby blues :
    Qu’il n’est à priori en rien pathologique.
    Qu’il touche 50 à 70 % des accouchées (taux variable selon les statistiques et leurs critères de sélection et définition).
    Qu’il débute en général à partir du 3e jour et ne va pas au-delà de la deuxième ou troisième semaine.
    Que c’est sa brièveté et son intensité « supportable » qui le caractérisent et le différencient de la dépression du post-partum.

    Le baby blues n’est pas la dépression post-partum, la psychose puerpérale, ni l’effondrement maternel. Il n’est pas non plus le révélateur d’un problème de santé mentale postnatal ou de troubles psychiques chez la jeune maman.

    Les caractéristiques du baby blues

    Chez certaines femmes, on peut donc repérer le baby blues à différents symptômes extérieurs :
    La fatigue, mais qui va en s’estompant.
    Les troubles du sommeil (et le manque de sommeil dans des proportions non inquiétantes) dus à plusieurs choses : rythme des réveils du nourrisson, épisiotomie, péridurale, montée de lait et volonté d’allaiter…
    Les pleurs et crises de larmes par intermittence, la tristesse en pointillés.
    Des sentiments « gérables » de doutes, d’ambivalence et de crainte, vis-à-vis de son bébé.
    Une hypersensibilité aux critiques comme aux remarques anodines.
    Une réaction forte aux évènements extérieurs.
    Un sentiment de frustration ou d’échec au moindre obstacle, une irritabilité inhabituelle.
    Le sentiment fugace d’être devenue étrangère à sa vie.
    Des doutes sur ses capacités à devenir une bonne mère, à savoir répondre aux besoins de son bébé.
    Quelques troubles mnésiques discrets (mémoire immédiate).
    Sentiment d’étrangeté déconcertant vis-à-vis de son corps et de celui du bébé.
    Hyper vigilance et hyperactivité, mais qui ne durent pas (ce point peut cependant être le signe possible d’un effondrement lorsque la mère ne veut pas lâcher prise, lorsqu’elle lutte).
    Distorsions perceptives : images se produisant au réveil. Confinant à l’hallucination ces symptômes peuvent avoir un ou deux pics, d’autres décroissent régulièrement.
     Il ne faudrait pas que le baby blues soit comme une totoche que l’on enfourne dans la bouche des bébés pour les faire taire, les faire dormir ou les rassurer, un syndrome que l’on brandirait à la vue des nouvelles mères, pour leur dire : Ne vous tracassez pas et ne nous tracassez pas, tout cela est banal, commun, habituel… 
    Patrick Bensoussan
    On lit parfois qu’il diminue avec l’apparition d’un rythme plus régulier de vie chez son enfant : nous nous garderons de minimiser des troubles qui iraient au-delà de ce temps « réglementaire », un bébé pouvant mettre plusieurs mois pour faire ses nuits.

    Quelles sont les causes du baby blues ?

    Il n’existe pas de consensus clair et unanime sur le sujet. Répondre à la question « pourquoi cette déprime ? » revient à explorer les pistes avancées par les différents spécialistes de la question.

    Selon les différents auteurs, le baby blues serait :
    Une réaction physiologique marquant la fin d’un stress physique et moral, lié à la modification brutale du taux d’hormones. Bien qu’aucune recherche n’ait abouti jusqu’à présent pour en conclure à une cause hormonale, Jacques Dayan avance cette explication dans Psychopathologie de la périnatalité.
    L’adaptation brutale à un évènement chargé en émotions : un moment de coupure avec ce qui a précédé et qui aurait valeur de fonction d’aménagement défensif pour la mère, lui permettant de réaliser le deuil du bébé imaginaire et d’adopter celui qui vient de naître. Il favoriserait ainsi le passage symbolique de son statut de femme enceinte à celui de mère.
    L’ensemble des déceptions que ressentent les femmes : déception de l’accouchement, déception liée à la perte de leur ventre habité, au fait qu’elles ne soient plus le centre des préoccupations, déception liée à la réalité de l’allaitement jamais aisé à mettre en route…

    Ce temps où la mère, qui s’est donnée toute entière à son accouchement et à la naissance de son enfant, est en attente d’un retour ou d’une reconnaissance de sa part. Ce peut être un temps de solitude les premières semaines.

    Un moment de véritable dépression où « tous les cadavres sortent des placards » d’après Myriam Szejer.

    Un moment complexe et universel qui cumulerait le stress de la fin de grossesse et de l’accouchement et un état de dénudation psychique permettant à la mère de se mettre en phase avec son nouveau-né. Monique Bydlowsky évoque « Le cristal du Moi maternel [qui] serait en partie désorganisé et le blues serait alors l’exacerbation de cette préparation de l’esprit maternel à saisir les indices en provenance de son enfant ».

    Lié au fait qu’à partir des années 50 (date où l’on commence à en parler), les femmes ont commencé de manière générale à accoucher en milieu hospitalier et non plus à leur domicile. Séparées de leur cadre quotidien et soumises au pouvoir médical, elles seraient devenues sujettes au baby blues en réponse à cette dépossession de leur corps et de leur accouchement. D’après l’hypothèse formulée par le psychiatre Guy Benoît.

    L’expression des mouvements psychiques maternels, notamment celui d’une certaine ambivalence face au bébé à la fois merveilleux qu’elle attendait et l’être exigeant et extrêmement dépendant qu’il est en réalité. L’épisode du baby blues renforcerait la possibilité d’investissement de l’enfant réel (Mélanie Klein et Donald Winicott).

    Un temps d’attente et de vacillement où le tout comme le rien peut arriver, un temps pendant lequel se met en place la relation : « c’est un gué, un passage délicat plutôt qu’un simple état passager » comme l’affirme Jean-Marie Delassus dans Psychanalyse de la naissance.

    Un temps d’ajustement (toujours selon Jean-Marie Delassus) : après avoir passé neuf mois d’intimité avec son enfant et de retrouvailles avec la mémoire de son corps, après avoir entrepris un véritable voyage intérieur, la mère se retrouve dans un autre pays et rencontre enfin son bébé : « Il était en elle, et maintenant, il est “hors” d’elle. La maman flotte, se sent bizarre. Elle a changé de fuseau du cœur et se trouve en décalage avec le monde extérieur. Une lame de fond la submerge elle ne reconnait plus son identité habituelle, elle connaît mal sa nouvelle identité. Des larmes peuvent jaillir, la tristesse et le doute l’envahir… ». Ses deux identités s’entrechoquent dans ce moment immédiat du post-partum…

    Le baby blues s’il existe, c’est cela qu’il doit permettre, qu’on vous écoute et qu’on vous parle ! Et ce n’est pas parce que ça arrive aussi aux autres, à presque toutes les autres le baby blues ; que ça n’a rien à dire…
    Patrick Bensoussan

    Le Baby-blues vu par Maman-Blues

    Effectivement le baby-blues n’est pas une maladie comme on l’entend malheureusement trop souvent. Il est sans doute la manifestation passagère la plus « sensible » de cette nécessaire adaptation à l’évènement que représentent l’accouchement et l’arrivée d’un bébé.
    Cependant, il ne faudrait pas le généraliser au point de convaincre les femmes que celles-ci se doivent de passer par ces moments de doute pour devenir mère : le baby blues n’ayant aucun caractère obligatoire.
    Comme le rappelle le pédopsychiatre Patrick Bensoussan, parler du baby blues comme d’une étape incontournable revient à répandre l’idée d’une catastrophe annoncée. Sa présence comme son absence ne nous garantissent pas que tout ira bien au-delà de ce petit temps de bouleversements légitimes.

    Au grand dam peut-être de nos proches qui l’attendent de pied ferme, soulagés de connaître et de maîtriser quelque chose du post-partum. Les larmes ou le manque de réaction d’une jeune mère déstabilisent et inquiètent ceux qui en sont témoins, parler de baby blues est aussi une façon pour eux de se protéger et de se dispenser d’aller voir au-delà.

    Le temps du baby blues est en fait une période de latence qu’il conviendrait de surveiller et d’accompagner tout particulièrement avec vigilance et sérénité. Invariablement plaquée sur la moindre des réactions des accouchées, cette expression ne semble avoir été créée que pour mieux museler les émotions maternelles à défaut de rendre compte de leur intensité et fragilité, de leur sens humain et de leur caractère légitime.

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