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Difficulté maternelle : tout ce qu’il faut savoir pour les jeunes mamans
Ne relevant ni d’un programme génétique ni d’un instinct naturel, le « devenir mère » repose essentiellement sur un processus psychique commun à toutes les femmes, mais dont le déroulement reste propre à chacune et aléatoire. La maternité n’est donc plus pressentie comme allant de soi, mais comme allant en soi. Elle est donc susceptible de remaniements psychiques sensibles et déstabilisants.
Que faire en cas de difficulté maternelle ?
La difficulté maternelle : un état humain légitime
L'information prénatale comme prévention
Une mère doit pouvoir exprimer ses difficultés
Être enceinte, un bouleversement
S'entourer pendant la grossesse
Après l'accouchement, accepter les émotions
Le retour à la maison avec bébé
La solitude des jeunes mamans
Ne pas laisser traîner, consulter
Nos référentes sont également là pour vous orienter et présentes partout sur le territoire !
Les femmes doivent être informées dans le cadre de leur suivi prénatal.
On ne peut plus se contenter (corps médical et entourage compris) de leur conseiller la patience ou la résignation et de leur prodiguer quelques paroles de réconfort assorties d’un traitement antidépresseur.
La maternité psychique produit ses propres signes cliniques et doit donc être l’objet de soins spécifiques indépendants des soins psychiatriques.
Même si le temps n’est pas compté pour devenir mère… Même s’il est avant tout un temps de bouleversements et de remaniements psychiques incontournables… Même si la maternité psychique est essentiellement imprévisible… Nous pouvons agir en amont, dans un esprit d’information et de prévention.
Nous estimons à notre niveau, que l’information prénatale diffusée à large échelle peut opérer une certaine préparation, voire prévention psychique.
En effet, il n’est pire douleur que d’être frappée là où on ne s’y attend pas, là où il nous est impossible de concevoir que l’on puisse développer une « anomalie », une « affection » grave : c’est-à-dire au cœur même de notre capacité à aimer et à donner.
Ainsi, il faut savoir :
Que le sentiment maternel est un cheminement intérieur plus ou moins long et sensible (et non pas un évènement délimité par l’accouchement) et qui peut parfois mener au bord de la folie, de la rupture de soi ou au rejet de son enfant.
Que ces émotions ne sont pas le signe d’un dérangement mental ni la confirmation d’un handicap naturel (absence d’instinct).
Que cela frappe d’autres que soi et en des proportions non
négligeables (20 % des mères, sans parler des enfants, eux aussi
concernés).
Qu’une prise en charge est nécessaire et possible en
dehors de tout jugement et sanction, aux mêmes titre et légitimité
qu’une maladie physiologique.
Certes, cette information au préalable, que nous croyons utile, possible et aisée ne garantira pas aux femmes de passer à travers cette tempête, mais leur donnera la possibilité de concevoir ces évènements, donc de les prévoir « psychiquement » et le cas échéant de savoir les reconnaître. Ceci leur permettra de savoir vers qui se tourner.
Il conviendra toutefois de veiller à ce que l’information donnée, soit dans le cadre médical soit dans un cadre associatif, ne soit pas systématiquement minimisée ou banalisée. Sortir du dogme social qui ordonne que la maternité soit avant tout un évènement heureux de notre vie est essentiel. Cette prévention ne doit pas être orientée exclusivement dans un souci de prévention de la maltraitance infantile.
La difficulté maternelle maltraite en priorité les mères. Notre souhait est de changer cet état d’esprit pour que la mère soit considérée avant tout comme une personne et non plus seulement en « patiente ».
La difficulté maternelle nous fauche d’autant plus rapidement et brutalement que l’on ignore tout de son existence et de sa violence et qu’elle nous laisse en état de sidération, souvent totalement incapable de réagir.
La pédopsychiatre Françoise Molénat estime que la grossesse constitue une période privilégiée pour soutenir la maternité et l’enfant à venir, car ce soutien doit passer obligatoirement par celui à la mère et du coup il n’en sera que plus respectueux de celle-ci, de son identité et de son histoire.
Pendant le temps de la grossesse (déprime, angoisses, dépression prénatale)
Il n’y a pas qu’un seul chemin balisé pour traverser le temps de la grossesse. Pourtant la société semble attendre des futures mamans une conformité qui allie santé, joie, optimisme, plénitude, etc.
Pourtant l’annonce de votre grossesse peut vous plonger dans des moments de doutes, de perplexité, de regrets et même de déprime. Si toutefois ils ne sont pas systématiquement annonciateurs d’une difficulté maternelle à venir, il convient d’y prêter attention, et de le signaler à votre médecin, gynécologue, sage-femme, doula, etc.
Accepter les angoisses et déprimes quand on devient maman
Il est humain et normal d’appréhender cet inconnu qui est en vous, d’être déconcertée par cet enfant que vous sentez bouger et vivre dans votre corps. La grossesse est un retour en soi, un retour au corps qui sur un plan psychique peut se faire plus ou moins sensiblement, avec plus ou moins de nostalgie et de reviviscences.
Mais la famille, c’est là qu’elle commence et c’est là qu’elle se socialise lorsqu’une femme s’inscrit en maternité.
Pascale Rosenfelter
Différentes étapes avant l’accouchement peuvent vous permettre d’être accompagnée et entendue dans votre souffrance et vos doutes :
Discuter avec votre médecin de son rôle d’accompagnateur, non pas seulement pour surveiller votre courbe de poids ou commenter vos résultats médicaux. Il se doit aussi de prendre la mesure de votre moral, et pas seulement celle de votre ventre. Afin que vos inquiétudes ne débordent pas sur le déroulement et le vécu de votre grossesse.
S’il est impossible de vous faire entendre ou que votre médecin ne cherche qu’à vous rassurer comme une petite fille que vous n’êtes plus, entourez-vous au maximum en dehors du suivi médical : famille, ami, Doula, groupes de parents et futurs parents et pourquoi pas forum de discussions sur Internet. La solitude est la pire ennemie d’une jeune maman.
Osez aborder vos états d’âme lors de chaque consultation, il n’y a aucune obligation de votre part à afficher un sourire béat de circonstances parce que vous êtes enfin maman ni à vous taire pour justifier l’adage qui veut que la grossesse ne soit pas une maladie. Vous n’avez à remercier (ou protéger) personne en offrant une image de bonheur que vous êtes bien loin de ressentir.
Lorsque vous évoquerez les possibles moments de doutes et de déstabilisation qui peuvent surgir aussi après une naissance, n’acceptez pas d’être simplement rassurée et endormie au titre que :
le baby blues est une petite déprime passagère que traversent sans conséquence 80 % des accouchées,
la dépression postnatale ne touche que 10 % des accouchées et se guérit très vite avec des antidépresseurs,
la psychose puerpérale est rare (1 à 2 pour mille) et ne concerne que des personnes souffrant de troubles psychiatriques antérieurs…
La difficulté maternelle ne se cantonne pas à ces manifestations répertoriées. Elle ne touche pas uniquement « certains profils psychologiques ».
Aucune situation sociale, familiale et personnelle ne peut vous dispenser d’être informée des problématiques possibles.
Il est important que vous puissiez disposer d’un accompagnement psychologique dès votre grossesse et surtout dès la naissance de votre enfant, tout comme il est important de ne pas tout pathologiser ou tout renvoyer dans le bureau du psychologue ou du psychiatre.
S’informer et s’entourer pendant la grossesse
Quelques questions que vous pouvez poser au personnel de la maternité, quelques « exigences » que vous pouvez émettre lors de votre projet de naissance :
Y aura-t-il un psychologue de permanence ?
Du personnel sensibilisé à reconnaître au plus tôt ce type de difficulté ?
Ne relèguera-t-on pas vos émotions dans le placard du baby blues ?
Y aura-t-il un suivi postnatal de « qualité » en présence du papa ?
Quel suivi à domicile existe une fois rentrés ?
Accompagnera-t-on vos premiers allaitements (sein ou biberon) ?
En matière d’allaitement maternel bénéficierez-vous de la présence de gens formés à cet effet ? Nous savons qu’une mise au sein qui échoue, parce que non soutenue, insuffisamment ou mal conseillée creuse la voie de la difficulté maternelle. Il est vivement conseillé d’assister à quelques réunions sur l’allaitement AVANT l’accouchement.
Favorise-t-on les premiers moments avec votre enfant ? Premier échange de regard avec l’enfant dès la sortie du ventre maternel (proto-regard), puis peau à peau, mise au sein si c’est le souhait de la maman, pas de séparation intempestive qui ne serait justifiée par son état de santé, etc.
C’est important de prendre ce temps, pour que la première rencontre avec son nouveau-né ne soit pas d’abord rythmée (et peut être parasitée) par les soins médicaux.
Médecin, gynécologue, sage-femme ou personnel de la maternité doivent pouvoir vous répondre à ce sujet et devancer vos questions et/ou inquiétudes (ce qui serait déjà le signe qu’à titre individuel, l’obstétrique physique n’est pas le seul versant de la maternité qui les préoccupe).
Gardez toujours à l’esprit que ce séjour à la maternité dans laquelle vous aurez accouché peut et doit aussi être un lieu de naissance.
C’est important de prendre ce temps, pour que la première rencontre avec son nouveau-né ne soit pas d’abord rythmée (et peut être parasitée) par les soins médicaux.
L’accueil, l’écoute et la présence que vous y trouverez peuvent en cas d’insuffisance, de maladresse ou de négligence, précipiter un effondrement maternel. Il est reconnu que les paroles ou attitudes des soignants à l’égard de la mère ou de son enfant peuvent avoir un rôle déterminant dans le comportement maternel ultérieur. La première des préventions en matière de difficulté maternelle commence par la vigilance et la capacité d’écoute et de contenance des professionnels de la maternité.
C’est pourquoi une maternité, privée ou publique, ne peut et ne doit en aucun cas se contenter d’être un lieu seulement médical. Les professionnels qui y travaillent doivent tous être sensibilisés à la dimension humaine, c’est-à-dire psychologique et social de ce processus qui n’est pas une maladie, mais une grande aventure humaine inscrite dans le corps de la femme
À la maternité et après l’accouchement (baby blues, psychose puerpérale, dépression post-partum…)
Ça y est, bébé est né, il est là dans vos bras. L’accouchement s’est passé plus ou moins comme vous l’aviez imaginé, peut-être avec quelques complications, mais vous vous attendez maintenant à ressentir très vite l’élan d’amour le plus fort de votre vie.
Pourtant passés les premiers moments de surprise, de découverte et d’attendrissement, un calme si ce n’est un décalage avec ce à quoi vous vous apprêtiez à vivre, s’installe. Un flou, un engourdissement se diffuse en vous et dans votre chambre. Vous avez beau regarder et vous accrocher, au petit berceau de verre que l’on a posé à vos côtés, votre cœur est bien calme et votre raison commence à s’agiter.
Il n’y a pas de grille codifiée du baby blues, le monologue qui suit n’est qu’une mise en mots de différentes expériences, regroupées en quelques lignes : à chacune son blues, sa difficulté, mais à toutes le droit d’en parler.
« Est-ce déjà le baby blues ? Est-ce autre chose ? Comment savoir ?
À qui le dire et surtout qui saura me répondre ?
Comment faire disparaître ce trouble qui, je le sens, commence déjà à me séparer de ce bébé ? Cet enfant, je le désire plus que tout au monde. Je veux l’aimer très fort, je l’aime sans doute déjà très fort, je veux y croire, mais voilà je suis là sur mon lit et je pleure. Le dos tourné pour ne pas qu’il me voie, je pleure et ce n’est ni de joie ni de soulagement. Je pleure comme si on m’avait abandonnée, je pleure parce que j’ai mal au ventre, aux seins, au sexe. Et aussi parce qu’on me laisse seule avec une chose dont je ne peux même pas parler, que je ne peux même pas penser.
Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je pleure comme je saigne et tout le monde semble trouver cela normal : “c’est le baby blues” disent-ils tous en chœur “cela va passer !”.
Comme j’aimerais échanger ma place contre celle de ce bébé qui dort, d’ailleurs mieux vaut qu’il dorme, car j’ai un peu peur de ses cris et de ses pleurs ! Je suis censée pouvoir les apaiser du seul fait que je suis sa mère, mais moi je ne sais pas comment faire, je ne l’ai jamais fait ou alors je ne m’en souviens plus : “c’est drôle avec cet enfant ce n’est pas pareil qu’avec les autres, c’est comme si j’étais devenue amnésique, me voilà perdue.”
Mais pour tout le monde, la “chose” semble entendue, je sais, je dois savoir…
Et puis c’est bizarre, je ne reconnais plus les gens, c’est comme si je les voyais à travers un brouillard, ils perdent de leur réalité et je dois me pincer pour me convaincre que je ne rêve pas. Je suis là et pas là, et ce qui se passe dans cette chambre m’indiffèrerait presque, si ce n’est que je me sens attachée, comme enchaînée à ce berceau, condamnée à ne pas repartir sans le petit être qui dort dedans. Je voudrais revenir en arrière : différer cette naissance de quelques jours, pour me laisser encore un peu de temps. On a dû se tromper de date. Je ne suis pas prête. Le serais-je un jour ? Est-ce cela devenir mère ? On me dit : “ça y est tu es enfin devenue mère, c’est merveilleux, non ?”. Mais de mère je n’en vois pas dans cette chambre. »
Les émotions du blues, leurs intensités, les mots et les images qu’elles font naître, seront pour chaque femme unique.
Il y a un temps de remaniement normal après un tel évènement et on a coutume de le nommer baby blues. Mais si cela évolue vers la liquéfaction intérieure, le désespoir, les pleurs permanents, s’interroger et demander à être aidée est important, même nécessaire.
À la maternité il n’y a pas que votre épisiotomie, votre utérus ou votre température qui nécessitent un contrôle journalier. Maintenant que votre corps tout doucement se referme après avoir livré passage à votre enfant, les émotions affluent et il vous faudra pouvoir ouvrir la voie qui les verbalisera, les exprimer, en faire la confidence, si vous le souhaitez si vous en éprouvez confusément le besoin.
Sans insister, sans intervenir de manière inadéquate (et donc brutalisant à votre égard), le personnel médical de par son attitude, ses gestes, ses regards et ses paroles doit vous confirmer qu’il est à même de vous entendre et de pouvoir créer ce milieu propice aux confidences maternelles.
Il est tout aussi difficile de trouver les mots qui débloqueront ces émotions que les moments pour le faire. Profitez alors de ceux où l’on vous montrera les quelques gestes pratiques de maternage pour exprimer vos craintes.
Bien que de plus en plus en plus formé à l’écoute de ce qui se cache derrière ces appréhensions de maternage, il arrive parfois que le personnel soignant soit débordé ou vous semble peu perméable à titre personnel à ce genre de difficulté particulière. On vous donnera peut-être en retour, le sentiment que vos plaintes sont injustifiées ou amplifiées à tort.
Si vous sentez que la personne (sage-femme, puéricultrice, infirmière ou gynécologue) est peu ou pas réceptive à votre malaise, demandez alors à rencontrer le psychologue attaché au service de maternité. Il existe différentes possibilités et l’important est de trouver quelqu’un vers qui vous tourner.
Le retour à la maison (difficulté maternelle, effondrement, dépression postnatale)
Le retour à la maison est à la fois ressenti avec soulagement (les contraintes de la vie hospitalière peuvent être pesantes) et appréhension.
La solitude des jeunes mamans
C’est là, chez vous, que ce sentiment de solitude que vous ressentiez déjà à la maternité risque de s’accentuer de façon bien plus prononcée.
Même si la présence du papa/co-parent ou des membres de votre famille vous entoure au plus près, cela va rarement jusqu’à vous permettre d’atteindre ces appréhensions qui vous étreignent le cœur lorsque vous vous retrouvez les premiers temps avec bébé dans les bras.
La sollicitude pesante des uns ou les conseils généreux, mais parfois contradictoires des autres, peuvent se révéler à la longue intrusifs et « empêcheurs » de materner en rond. L’entourage devrait être présent uniquement pour vous soulager des tâches quotidiennes et pour vous soutenir moralement, non pas pour vous inonder de paroles contradictoires.
Soyez donc vigilante au fait que le sentiment de solitude ne se mesure pas au nombre de personnes qui seront présentes auprès de vous. Vous pouvez être extrêmement bien entourée et vous sentir très seule. Dans ces moments-là, vous allez interroger, éprouver vos capacités maternelles, que peuvent conforter ou infirmer vos proches. Leurs regard, gestes ou paroles à votre égard contribueront aussi bien à étayer en vous cette maternité débutante qu’à aggraver ce sentiment de solitude et d’abandon que vous éprouvez depuis que vous êtes mère.
Convoitises, rancœurs, jalousie, concurrence de maternité se donnent souvent rendez-vous au pied du berceau et mettent à mal votre fragilité de nouvelle mère, vous poussant insidieusement à démissionner et vous retirer…
Vous ne saurez pas forcément les reconnaître sous le masque de conseils et recommandations multiples, avisés et toujours pavés de bonnes intentions, mais vous éprouverez inexplicablement dans votre chair et votre cœur leur toxicité.
Dépression postnatale ou effondrement : ne pas attendre
Nous avons vu plus haut qu’il y a un temps acceptable pour parler de baby blues, mais qui l’est uniquement en fonction de l’intensité et la teneur de ce que vous vivez.
Passé donc un délai de trois semaines au maximum, tout sentiment plus ou moins douloureux, plus ou moins déconcertant et étrange qui s’installe et semble se mettre entre vous et votre enfant doit vous inviter à consulter sans tarder.
Quel que soit le moyen que vous choisirez, préfèrerez ou aurez à votre disposition (éventualité hélas la plus probable), nous vous invitons à consulter au plus vite : dès le premier mois !
N’attendez pas que votre difficulté soit caractérisée par un état dépressif ou qu’elle se répercute d’une manière ou d’une autre sur votre bébé !
Ne repoussez pas chaque jour votre prise en charge, dans l’espoir de jours meilleurs ou parce que vous vous accrochez à quelques instants de plaisir.
N’écoutez pas ceux qui vous invitent à la patience (donc au silence) ou qui cherchent à vous rassurer avec leurs souvenirs personnels, leurs histoires de mère courage qui ont fini par triompher de leurs problèmes avec le temps (et dans la solitude).
Méfiez-vous de ceux qui veulent apaiser vos angoisses dès que vous ouvrez la bouche. C’est avant tout leur propre angoisse réactivée par ce que vous tentez de dire qu’ils cherchent à étouffer.
Maintenez à l’écart ceux qui vous rappellent à chaque instant de doutes que vous êtes une bonne mère, car comme le fait remarquer Michèle Benhaim dans La folie des mères : « … à l’inverse, en cherchant à convaincre que “vous êtes une bonne mère” on veut persuader la mère qu’elle est ce qu’elle voudrait avoir aussi le droit de ne pas être. »
Tout en faisant confiance à vos sentiments éprouvés - ne laissez à personne l’opportunité d’avoir raison de vos émotions et impressions - demeurez néanmoins réceptive à l’inquiétude que vous pourriez susciter chez vos proches.
On peut certes économiser la préservation de “l’espèce mère” et continuer la catastrophe écologique d’un originaire aux abonnés absents, on dépensera beaucoup plus d’argent ultérieurement pour tenter de réparer ce ratage humain. Et combien de ratages humains ont fabriqué le totalitarisme ? En termes économiques, la préservation de “l’espèce mère” est ce que l’on peut appeler un investissement rentable !...
Madeleine Rey - Pédiatre
Chier de Maternologie numéro 11
À titre d’information : le questionnaire EPDS (Inventaire de dépression postnatale d’Édimbourg)
Il est difficile de trier chaque jour ce qui nous tire vers le haut et ce qui nous replonge inexplicablement vers le bas, difficile de mettre des mots sur ce que l’on ressent et difficile de savoir s’il convient de consulter. On se sent comme aspirée dans un maelström d’émotions, de sensations et de pensées floues et déconcertantes.
La peur de devenir folle ou d’être dans l’exagération et la sensation d’avancer depuis quelque temps dans un épais brouillard nous empêche d’apprécier l’étendue de notre difficulté et retarde d’autant plus notre demande de prise en charge.
C’est pourquoi nous mettons à votre disposition ce questionnaire élaboré par JL. Cox : « L’EPDS : l’Inventaire de dépression postnatale d’Édimbourg » (Utilisé parmi d’autres outils dans le diagnostic de la dépression du post-partum).
Bien entendu, ce questionnaire n’est là que pour vous aider à faire le point sur ce que vous pouvez ressentir. Il n’est pas question ici de « s’auto-diagnostiquer » une difficulté maternelle caractérisée ou une dépression du post-partum. Il est préférable de passer cette échelle en présence d’un professionnel qui puisse en accueillir les résultats.
Consulter les questions
Les réponses sont à donner en fonction de l’impression dominante des 7 derniers jours.
Pendant la semaine qui vient de s’écouler :
J’ai pu rire et prendre les choses du bon côté
pas du tout
vraiment beaucoup moins que d’habitude
moins que d’habitude
autant que d’habitude
Je me suis sentie joyeuse en pensant à l’avenir
pas du tout
vraiment beaucoup moins que d’habitude
moins que d’habitude
autant que d’habitude
Je me suis dit, sans raison objective, que j’étais responsable si les choses allaient mal
oui, très souvent
oui, de temps à autre
pas souvent
non, jamais
Je me suis sentie anxieuse ou inquiète sans motif précis
oui, très souvent
oui, souvent
pas souvent
non, jamais
Je me suis sentie effrayée ou paniquée sans raison réelle
oui, très souvent
oui, de temps à autre
pas souvent
non, jamais
Je me suis sentie dépassée par les évènements
oui, très souvent je me sentais incapable de faire face
oui, de temps à autre, je me sentais plus facilement dépassée que d’habitude
pas souvent, je fais face la plupart du temps
non, jamais, je me sentais aussi efficace que d’habitude
Je me suis sentie si malheureuse que j’ai eu des problèmes de sommeil
oui, très souvent
oui, plusieurs fois
pas souvent
non, pas du tout
Je me suis sentie triste et malheureuse
oui, la plupart du temps
oui, de temps à autre
pas souvent
non, jamais
Je me suis sentie tellement malheureuse que j’ai pleuré
oui, la plupart du temps
oui, de temps à autre
pas souvent
non, jamais
Il m’est arrivé de penser à me faire du mal
oui, très souvent
oui, plusieurs fois
rarement
non, pas du tout
Les réponses se cotent de 3 à 0 de haut en bas ; par exemple pour la question 1 :
J’ai pu rire et prendre les choses du bon côté
pas du tout : 3
vraiment beaucoup moins que d’habitude : 2
moins que d’habitude : 1
autant que d’habitude : 0
On fait le total de tous les points. Au-dessus de 13, on peut estimer que la maman est déprimée, et la dépression est d’autant plus importante que la note est élevée.
(Traduction de N. Guedeney et N. Glangeaud) Cette étude a été publiée en 1995.
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