Il est des événements dont on ne guérit pas. On les porte en soi pour toujours et on en souffre à jamais. On croit que le temps passe, qu'il lisse l'effroi. On croit qu'on a sublimé l'épreuve, qu'on l'a dépassée, oubliée. Pourtant, le mal est fait, et, au plus profond de soi, la douleur est intacte. Le cœur, déséquilibré, ne bat plus pareil. Une fenêtre est béante, le vent s'y engouffre, la vie s'y dérobe. On est glacé. On est perdu. Une part de soi s'est enfuie. On est fragilisé à jamais, en manque pour toujours. En soi, désormais, quelque chose n'attend plus que la fin. Et malgré tout, dans la même respiration, la joie est là aussi. Il faut peut-être avoir plongé profond pour trouver la source de sa vie. Il faut peut-être avoir perdu beaucoup pour se trouver. En laissant ma fille s'envoler, j'ai trouvé une pierre précieuse, une petite flamme qui s'apparente au cristal de l'âme...