La prévention a-t-elle la prétention " trop humaine " d'influer positivement sur le cours d'une vie ? Objet d'invocations mais aussi de sourdes résistances, porte-t-elle en elle la promesse d'un avenir meilleur ou le constat désabusé a posteriori qu'il aurait pu en être autrement ? La prévention participe de l'imaginaire collectif de diverses professions par sa dimension de fiction ou d'illusion partagée qui entretient le rêve d'un autre possible, passé ou présent, meilleur ou supposé tel. Mais n'est-elle pas aussi courtisée pour les économies sur les soins qu'elle promettrait ? Si des actions de prévention sont possibles et souhaitables en matière de santé, la période périnatale n'est-elle pas un moment essentiel où l'attention portée à la relation précoce entre le bébé et ses parents peut consolider le socle de l'intersubjectivité sur lequel l'enfant va se construire et la parentalité naissante se développer ? Les paradoxes de la prévention en périnatalité sont ici mis au travail à partir d'expériences innovantes d'acteurs (sages-femmes, puéricultrices, auxiliaires, éducateurs, médecins, psys), dans divers cadres (maternités, services de néonatologie, secteurs de pédopsychiatrie et de psychiatrie générale, services départementaux de PMI, Aide sociale à l'enfance, réseaux de périnatalité...). De leurs échanges, éclairés par l'apport transdisciplinaire de spécialistes engagés, de nouvelles pistes de réflexion et d'action se dessinent, qui invitent à comprendre et à mettre en œuvre ce qui produit de la transformation dans les pratiques des professionnels comme dans la découverte entre le bébé et ses parents : le respect des émotions. Preuve en actes que l'intervention périnatale interpelle la notion même de prévention.