S'il est source de bonheur, le bébé, dès sa conception et même dans les situations les plus ordinaires, cause inévitablement gêne, inquiétude ou souffrance. Sa réalité est forcément blessante, puisque toujours différente de l'idéal. Il peut ainsi susciter du rejet, de l'agressivité et même de la haine. Autant de mouvements que la pression familiale et sociale pousse à taire, voire à refuser de reconnaître comme siens, tant ils surprennent, génèrent honte et culpabilité, et sont contraires à ce que sont tenus d'éprouver de « bons » parents. Ce livre explore divers contextes où ces processus sont à l'œuvre, des plus habituels (autour de la grossesse et de l'accouchement, par exemple) aux plus douloureux (la grande prématurité ou l'annonce d'un handicap). Il tente enfin de penser la manière selon laquelle les professionnels de la petite enfance sont, tout autant que les parents mais sur un mode différent, pris dans cette violence et en quoi la reconnaissance de ces mouvements et leur élaboration sont essentielles à leur travail.