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Confusions de sentiments



Notre petite Emma est une enfant désirée.

Pour ma part, le lien affectif s'est tout de suite créé.

La solitude du retour à domicile

Au moment du retour à la maison, je me suis retrouvée seule avec la petite, mon mari étant en déplacement la semaine. La fatigue s'est vite fait ressentir. Je n'imaginais pas ressentir un épuisement si grand. Et avec les crises du soir à supporter et apaiser, ses pleurs incessants que seuls mes bras calmaient, et un allaitement difficile, j'étais à vif. Je devenais agressive, nerveuse, stressée, angoissée (et je le suis resté longtemps).

Je pense que c'est cet allaitement justement qui m'a épuisée. Je trouvais qu'elle ne buvait pas assez, elle s'endormait rapidement en tétant. De plus, quand j'étais encore a la maternité, les sages femmes se contredisaient entre elles : une disait qu'il fallait la réveiller pour qu'elle boive, une autre me disait que c'était à la demande qu'il fallait que j'allaite.

Et moi au milieu, j'étais incapable de savoir quoi faire.

Et comme trop fière pour m'avouer vaincue, ne supportant pas l'échec, j'ai continué à faire comme je pouvais, c'est-à-dire attendre qu'elle se réveille et qu'elle réclame.

Ses crises de pleurs le soir m'épuisaient. Je ne prenais même plus la peine de dîner, je la gardais sur moi, là au moins je ne l'entendais plus. C'est peut-être pour ça aussi que mon lait n'était pas assez nourrissant, car dès que nous sommes passés au biberon, tout a changé : moins de pleurs le soir, et elle faisait ses nuits. Le passage au biberon s'est imposé au moment de ma reprise du travail, mais aussi parce que cet allaitement entraînait des disputes avec mon mari, qu'il me voyait fatiguée et sur les nerfs et en éprouvait de la lassitude.

Faire famille

Puis mon mari a changé de travail, car le manque de sa fille devenait dur pour lui, et il voyait bien mon comportement se modifier. Plus présent à la maison, il m'aidait dans les tâches quotidiennes, que ce soit le ménage ou le bain de la petite, lui donner ses repas, jouer avec elle…

Aujourd'hui je suis très heureuse de les voir aussi complices.

Il m'aidait vraiment au quotidien et cela m'a énormément soulagée.

Malgré tout, toujours la souffrance

Deux ans passent, mais je ressens toujours ce stress et cette tension, ma fille le ressent et nos échanges sont compliqués. Je me dis que je suis une mauvaise mère, qu'elle serait mieux sans moi, je pense au pire.

Encore une fois trop fière pour en parler à qui que se soit, mais aussi envahie par la peur de choquer et qu'on me dise que cette enfant je l'ai voulue donc il faut que j'assume, je ne parle à personne de ce mal-être, trop honte de moi.

De plus, j'ai repris le travail. L'adaptation de ma fille chez la nounou a été longue, puis avec le temps, cela se passe bien et on prend notre rythme. Je finis tard le soir alors c'est papa qui donne le bain et prépare le repas, et il se débrouille très bien. Mais quand je rentre, je suis énervée car je sais qu'il est déjà tard (20h), qu'il faut encore la faire manger, plus le rituel du coucher. Papa est assez long à la mettre au lit, il joue, discute, cela m'énerve, et on se dispute souvent à cause de ça.

Le coup de massue

Et puis un matin, je vais me prendre un coup au corps et au cœur. Ma fille qui a alors deux ans et demi, me confie que le mari de la nourrice l'a touchée là ou il ne faut pas. Je lui avait juste demandé si A. était gentil (il venait tout juste de passer devant la maison pour distribuer les pubs, son métier). Mon monde, qui n'est déjà plus très stable, s'écroule. Je m'en veux car je n'ai rien vu, malgré ses problèmes de propreté : elle faisait sans cesse pipi dans sa culotte chez la nounou, alors qu'elle était propre avec nous ou ailleurs.

J'ai envie de mourir, de le tuer, d'en finir. Mon mari, qui, je ne sais comment, garde son sang froid, me soutient beaucoup dans cette épreuve. J'ai tout de suite contacté la puéricultrice de mon secteur. Je ne savais quoi faire et j'étais tétanisée, sous le choc. Cette puéricultrice m'a conseillé d'appeler la police, ce que j'ai fait, et de ne surtout pas remettre la petite là-bas.

Ma fille a été entendue, mais comme elle ne savait pas bien s'exprimer, cela n'a pas trop aidé dans l'enquête. Lui aussi a été entendu, mais bien sûr pas d'aveux, pas assez de preuves, ce qui à abouti a un non lieu.

La nourrice quant à elle s'est montré sous un autre jour : elle m'a accusée d'être une mauvaise mère, m'a insultée, m'a giflée … bref j'ai la hantise de la croiser à nouveau.

Pour l'enquête, il a quand même fallu que ma fille voit un psy, mais cela s'est fait six mois après le dépôt de plainte. Entre temps, il y avait eu une nouvelle nourrice. Du coup, elle s'emmêlait un peu dans ses propos.  Mais le psy a jugé que c'était une petite fille qui se portait bien, qu'elle était pleine de vie et dans un bon cadre familial. Cela me rassure, me fait du bien au cœur.

Ce que je souhaite a présent c'est qu'elle oublie. Malheureusement il arrive encore qu'elle en parle, mais de manière très détachée. Elle me dit :"c'est pas bien que A. ait touché là, hein maman?" Je réponds que oui, qu'il ne recommencera plus et que c'est fini, et je ne peux m'empêcher de la serrer dans mes bras.

Tout cela m'a amenée à réfléchir sur moi-même, et à admettre que si j'allais bien, peut-être que j'aurais vu ce qui se passait.

C'est malheureusement cette épreuve qui m'a ouvert les yeux et qui m'a poussée à consulter. J'ai d'abord été voir mon médecin traitant, qui ma mise sous anti-dépresseurs. Mais il m'a conseillé de consulter un psy, car sans ça, ce serait sûrement les médicaments à vie, et je ne voulais pas de ça.

Je voulais m'en sortir, pour ma fille, mon couple, ma famille.

Le psy m'a aidée à trouver au fond de moi ce qui n'allait pas. En parlant de mon passé, mon enfance, on a compris avec ma psy que cela était dû au stress que j'ai eu pendant mon enfance, du stress créé par mes parents qui se disputaient sans arrêt à cause de l'alcoolisme de mon père. On s'est quittés en mauvais termes avec mon père. Il est décédé sans que l'on se reparle, ce qui m'a laissé beaucoup de regrets, de remords, de l'avoir laissé finalement dans cette situation.

Aujourd'hui je vais de l'avant pour ce qui est le plus important à mes yeux, ma petite Emma, qui a désormais 4 ans et demi.




Angelik B.

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