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Histoire d'une maman traquée par des peurs irraisonnées



Non, oh non jamais je ne serai maman un jour. Ce sont ces mots que répétait sans cesse la jeune adulte que j'étais. J'avais si peur de souffrir et de faire souffrir.

L'ombre d'un père meurtri et inquiétant était inscrite en moi si profondément.

Puis je suis tombée irrésistiblement amoureuse d'un jeune homme. On a alors construit merveilleusement notre vie de couple. Un tourbillon non attendu vint nous déséquilibrer. J'étais enceinte, et ce n'était pas le moment. Pourtant l'idée d'être un jour maman avait commencé à se faire une place, mais pas maintenant. J'ai annoncé la nouvelle à mon amoureux dans les pleurs et les tremblements. Mais une évidence se fit jour, je vais être maman.

Faire le choix de devenir mère malgré son histoire

Ma grossesse lors des premiers mois ressemblait à celle idéalisée dans les magazines. J'étais rayonnante, je me sentais invincible.

C’est alors qu'une tempête a tout remis en question. J'étais en menace d'accouchement prématuré. J'ai écouté rigoureusement tous les conseils, mais les contractions ne diminuaient pas. Je fus alors hospitalisée pendant un mois à la maternité. Je me sentais la pire des futures mamans. Mon corps faisait du mal à mon bébé. Je culpabilisais et je ne comprenais pas. J'avais cette idée terrible que je risquais d'être la cause de la mort de ma petite fille. Mais je taisais cette souffrance comme j'avais l'habitude de la faire, un vrai petit soldat.

Le 7 avril, j'accouche, enfin on m'accouche . Je savais que j’aurais une césarienne, je me sens une fois de plus incompétente, je ne suis même pas capable de mettre au monde notre fille. Le séjour à la maternité fut le commencement d’une descente aux enfers.

De retour à la maison, je ne me reconnais plus, je doute de tout. Puis s'immisce alors une idée limpide, je suis un monstre. Mais je parviens à appeler à l'aide, je suis alors accueillie dans une Unité Maman Bébé. Les autres mamans se disent envieuses de  ma fusion avec ma fille, mais moi j'étouffe, je me sens prisonnière. Au bout de trois mois, j'ai ce désir de faire seule, je fais semblant et cache à tout le monde mon vrai désarroi. Un jour, j'ai terriblement envie de me jeter par la fenêtre, car pour moi c’est la seule solution, morte, ma fille vivra. Je prends peur, je retourne à l'unité maman bébé. Cette fois-ci je ne me cache plus la vérité, je vais très mal.

Pas à pas je me libère de mes chaînes, et vais de l'avant. Ma fille aussi ose enfin découvrir le monde. Toutes les premières fois de ma filles sont magiques, si puissantes. Car j'étais si certaine que je ne la verrai jamais grandir. Anaé a aujourd'hui bientôt huit ans. Elle a une sensibilité délicieuse, et une inventivité détonante. Je t'aime si fort Anaé, ma douce fleur.

Quand je suis enceinte pour la deuxième fois, ma grossesse bien que compliquée sur le plan médical ne me laisse pas présager du tsunami que je vais devoir affronter. De nouveau, une césarienne mais cette fois-ci je l'accepte, bien que déçue . Le séjour à la maternité fut un rêve, je suis bercée par le regard pénétrant de ma fille. Mais une fois à la maison je suis submergée par les douleurs de ma cicatrice, et cette peur insurmontable de connaître à nouveau mes pires ennemies : les phobies d'impulsion.

Je me fais hospitaliser de mon plein gré, je ne suis plus qu'un fantôme, plus rien n'a de sens . Pendant près de un an je m'accroche désespérément à tout : mon travail, mon couple qui vacille. Oui, mon amour pour mes filles est indéniable, mais moi qui suis-je, je suis une automate sans âme, ni perspectives.

Puis je rencontre un nouveau psychiatre, cela me libère des images du passé. Je revis, je reparle, je redeviens moi. Manon, mon amour, ta joie de vivre indéfectible fut un tel moteur. Ton sourire, je l'ai imité, je m’en suis imprégnée et maintenant il est vrai. J'ai tant de merci aujourd'hui à donner : à mes filles, aux soignants, à Maman blues. Il m’apparaît  clairement que tant qu'il y a un souffle de vie, rien n’est impossible.
Oui, oh oui, je suis une maman comblée, je ne suis plus millesphobies, je ne suis plus au bord désespoir, je suis dans la vie.




Millephobies

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