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J'ai dû accoucher de moi-même, naître mère, me construire



Mon fils c'est ma vie, mon existence. Mon chamboulement aussi... Il est l'orage violent qui vient dans la sécheresse. Ça cogne, ça tonne mais ça rafraîchit.
Avant lui je savais que j'allais mal.
Avec lui, j'ai choisi de prendre les choses en main !

C'est long, compliqué, difficile...

C'est raser une maison qui s'écroule, la défaire pierre à pierre pour en rebâtir une autre avec des fondations plus solides.


Un diagnostic qui tombe. Un travail, celui d'une vie entière, qui s'amorce. Le sentiment profond d'inaptitude à la vie, à la société, à la maternité, à l'existence toute entière. Et l'envie de mener ce combat de front, de le faire un peu pour moi… beaucoup pour eux, pour mes enfants.
Sans eux dans ma vie, je serais encore aveugle, à tenter de comprendre pourquoi j'échoue et à faire semblant d'être capable. Maintenant je ne peux plus mentir. Il y a plein de choses que je ne suis pas capable de faire. Soit.

Je tente de comprendre. J'apprends.

Je vis chacune des petites choses du quotidien comme une victoire. Chaque journée est une source d'angoisses, de fierté. Chaque geste de mon fils peut me rendre heureuse, comblée, ou me jeter mes inaptitudes en pleine figure et me faire mal. Lorsqu'il pleure, lorsque parfois… ça arrive, je ne le comprends pas et que je m'en veux pour ça. Ce qui blesse, ce n'est pas de se sentir désemparée… Ça arrive à toutes les mamans. C'est de ne pas être foutue de gérer, faire face à, affronter ce désarroi et les sentiments rudes qu'il m'impose.

J'ai la construction psychique d'un enfant.

Je n'ai aucune force morale à moi. J'ai besoin d'un pilier (souvent mon homme), d'une présence, sans quoi, comme un enfant fatigué, j'ai envie de me mettre en boule et de pleurer sans raison ou de tout jeter contre les murs.
Alors oui, chaque jour, quand j'arrive à rester zen, quand il hurle et que je le tiens dans mes bras en lui disant : "Pleure mon ange, je t'écoute", je suis fière de moi. Fière de ne pas l'avoir suivi dans ses réactions archaïques de bébé et de ne pas avoir pleuré avec lui. Fière d'avoir été une maman. Chose qui parait simple pour certaines et si difficile, lorsqu'on est bipolaire, lorsqu'on n'a pas fini de se construire, lorsqu'on est encore dans son for intérieur un tout petit enfant…

Je me lève le matin et ma mission première c'est de réussir à être indépendante.

Si je passe une journée sans appeler mon homme au boulot, ou mes parents à la rescousse, je me sens bien… Et c'est une journée de plus où j'arrive à me faire confiance. Et puis il y a les mauvais jours, sombres et gris où rien de rien ne se passe comme prévu, où cela me frustre et où je hurle de rage contre moi... Non parce que les choses ne se passent pas bien, mais parce que je n'ai pas les réactions adéquates.
Mon fils, c'est ma vie, mon existence, mon amour. Pour être sa Maman et celle de son petit frère qui arrive, j'ai dû faire quelque chose que je n'aurai jamais cru possible et qui est loin d'être terminé : j'ai dû accoucher de moi-même, naître mère, me construire… pour pouvoir remplir mon rôle comme il se doit. C'est le plus difficile, le plus long combat qu'il me soit donné de mener. C'est le plus beau et le plus triste à la fois mais c'est celui qui me fait avancer encore, chaque minute de chaque jour.




Mamzelle Léa

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