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Maman Diesel



Tellement heureuse en t'attendant

Mars 2002... Quatre heures du matin… je n'y résiste pas… je fais ce test de grossesse…

POSITIF ! Je me revois sauter de joie et dans l'impossibilité de me rendormir.

Neuf mois de bonheur, de plénitude… et un p'tit gars en prime !

1er novembre 2002. Je suis la spécialiste du faux travail. Mon p'tit gars a envie de nous rencontrer mais les choses sont longues et compliquées.

Une naissance difficile physiquement

Tu montres enfin le bout de ton nez et je suis loin d'imaginer les dégâts physiques liés à ta naissance. Tu es beau. Magnifique évidemment.

Je suis épuisée et je deviens vite endolorie, suite à une déchirure importante.

Quand on m'installe avec toi dans cette chambre à une heure du matin, je réalise que désormais je dois endosser une des plus grandes responsabilités qu'il m'ait été donné d'assumer. Mon corps me fait souffrir le martyre et une soignante ose m'appeler "chochotte", sans aucune compassion même devant mes pleurs. Je ne peux même pas te prendre dans mes bras. Je ressens un immense vide, un désarroi total, mais je dois faire bonne figure et recevoir ces visites qui ne cessent de vanter ta beauté mon fils… et sans franchement se préoccuper de ma douleur et ma fatigue. Jusqu'au moment où mes pleurs jaillissants vous ont tous fait fuir.

Donner le change malgré la douleur

Retour à la maison. Je souffre encore tellement. Je ne me plains pas. Pourquoi faire ? Encore passer pour une "chochotte" ? Merci bien ! Alors je souris, je donne le change… et je pleure une fois la porte refermée. Ne pas montrer. Jamais… Comment ça c'est dur ? Mais tu as TOUT pour être heureuse !

Ça va passer ! Un p'tit coup de blues, c'est tout…

Je m'occupe de toi pourtant. Mais je n'arrive pas à communiquer. Mon envie est de dormir, dormir, dormir. Les jours se suivent, les angoisses avec, la culpabilité aussi… et cette souffrance indescriptible…

La place à la parole

Un jour, une infirmière de la PMI venue me visiter m'a posé cette question simple : "et VOUS, comment allez VOUS ?" Et là, je me suis effondrée.

Enfin quelqu'un qui me permettait de lâcher prise, sans jugement.

J'ai repris le travail avec hâte. Impossible pour moi d'être une maman au foyer. De plus, par mon métier (infirmière), j'avais besoin de prendre soin des autres. J'oubliais ainsi mon mal-être et je me sentais "utile".

L'amour est venu puis la famille s'est agrandie

Tu as poussé à vue d'œil, très éveillé, filou. Je pense que c'est toi qui a fait le premier pas mon fils. Nous avons ainsi fait connaissance tardivement et je m'en veux encore de ne pas avoir réagi plus tôt. Par honte, peur du jugement et manque d'informations.

Ton petit frère est né deux ans et demi après.

Un accouchement de rêve. Des suites plus simples et un lien immédiat… Je me suis efforcée de rester vigilante et de ne pas flancher. Malheureusement ma détresse m'a rattrapée avec les aléas de la vie : mon mari a failli me tromper avec une collègue de son travail, belle, enjouée, mince et surtout très entreprenante. A ce moment j'ai cru tout perdre, mon mari, mes enfants, ma vie et… ma raison. Je me suis littéralement effondrée.

Tout a failli voler en éclats

Mes bonnes résolutions se sont écroulées comme un château de cartes. Péniblement j'ai stoppé la machine "infidélité" …
A cette période, j'ai aussi subi une grosse intervention chirurgicale pour réparer les dégâts de mon premier accouchement, qui avait provoqué une descente d'organes à 32 ans. Mon intégrité et ma féminité en ont énormément souffert. Or cette chirurgie s'est avérée être une horreur : une nouvelle déchirure, de nouvelles souffrances. On a même osé me demander si c'était vraiment nécessaire cette opération !

Pendant ce temps, mon couple s'essoufflait, subissait la routine.

J'encaisse encore le décès d'un proche, j'endure ma solitude malgré mes airs enjoués… Puis patatras, retour des idées noires, de l'envie de "partir" puisque je voyais ma vie se chiffonner à vue d'œil. Mes amies proches ont vu cette déchéance. Mes tripes aussi : perte de poids, de ma joie de vivre…
Jusqu'au jour où mon cher ex mari m'a dit : je ne peux plus rien pour toi, à toi de faire quelque chose.
Puis une autre parole assassine, d'une autre personne : "Arrête ton cinéma. T'es jamais contente. De quoi tu te plains ? T'as TOUT POUR ÊTRE HEUREUSE alors bouge-toi."

Tendre la main enfin

Là je me suis dit, ça passe ou ça casse. Et j'ai enfin accepté de l'aide. Une main tendue… ENFIN !
Étant infirmière psy, j'ai la chance d'avoir des contacts, pris par mes amies infirmières psy également. Que c'est dur de passer de "l'autre côté"! J'ai rencontré un médecin dans un lieu neutre, médecin avec qui j'avais travaillé pendant de nombreuses années. Imaginez mon mal être ! Elle m'a donné un léger traitement pour soulager mes angoisses, en attendant le rendez-vous pris avec un psychiatre libéral. Prendre ces médicaments alors que d'habitude c'est moi qui les prépare et les distribue, ça a rendu le premier comprimé dur à avaler, mais j'étais décidée…

J'ai été suivie pendant deux ans, avec un traitement pendant la même durée.

Aujourd'hui je me sépare de mon mari et je vis une nouvelle histoire, bien décidée à VIVRE, à profiter !
J'ai compris beaucoup de choses sur le lien maternel, sur ces souffrances souvent cachées, sur le fait que je n'étais pas seule. Et puis j'avais ce besoin de témoigner, d'exorciser ce passage de ma vie. Je l'ai fait sur un plateau de télévision… oui ! Étonnamment, moi qui était restée si discrète, j'avais envie de dire à des milliers de mamans qu'elles n'étaient pas seules.
Et puis j'ai fait la connaissance de Lisette et de l'association Maman Blues à qui je porte un profond respect. Merci d'être là.
Aujourd'hui mes garçons ont 12 et 9 ans. Mon aîné connaît une grande partie de NOTRE histoire et nous parlons beaucoup.

Je ne serai jamais parfaite… seulement une maman "diesel" qui a été longue à démarrer.

Maintenant c'est parti, et bien parti, croyez moi !




Magali

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