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Non, je ne peux donner la vie !



J'ai 29 ans aujourd'hui. A l'époque 22 et j'étais en couple.
Tout allait pour le mieux, nous désirions un enfant rapidement, une première grossesse arriva...

Mais dés l'annonce de celle ci, j'ai pris peur et d'autant plus lors de la première échographie. Je ne me sentais pas prête du tout à être mère. Je ressentais en moi un corps étranger. Les nuits n'étaient qu'angoisses profondes et je tentais d'en discuter avec mon ami de l'époque mais il m'était difficile de mettre des mots sur mes ressentis.

Après plusieurs tergiversations, je me décidai à prendre rendez vous pour un avortement. La culpabilité me rongeait mais je me devais de le faire pour préserver mon équilibre. Je me sentais soutenue par mon entourage dans cette démarche, une amie, mon frère et mon ami étaient à mes cotés.
Après l'épreuve, je me sentis soulagée et vidée.

Quelques années plus tard, je rencontre une autre personne : les premières périodes sont exaltantes puis d'autres assez chaotiques...
Accidentellement, je suis enceinte. Après réflexion je me décide à lui annoncer.
Sa première réaction fut la surprise mêlée à de la peur, il me conseilla d'avorter. Je l'aimais encore et surtout ne voulais pas élever un enfant seule. Après une fontaine de pleurs et une discussion, il m'a dit oui et voulait fonder une famille.
Malheureusement, la grossesse dés le départ n'avait pas pris un bon pli, et nous nous rendions aux urgences tous les deux jours.
Mais il me soutenait et je fus hospitalisée dès le 5ème mois. Cette grossesse m'angoissait, mais je vivais cela au jour le jour. Puis la veille de l'interruption de grossesse à 6 mois, je discutais avec une psychiatre et lui confiais que je ne me sentais pas prête à être mère.
Ce fameux soir, j'avais très mal au ventre, et la sage-femme me fit un monitoring et les battements je ne les entendais pas. On m'accompagna dans une salle, accompagnée d'un interne pour l'échographie et le médecin me dit : "Le coeur du bébé s'est arrêté..."
J'ai éprouvé un choc évidemment puis un soulagement quant à mes craintes d'être mère. J'ai passé deux nuits à attendre que les cachets fassent de l'effet pour avoir des contractions. J'ai souffert et le lendemain l'avortement eut lieu sans péridurale car c'était trop tard.

Difficile pour moi, les mois suivants, d'être en contact avec des femmes enceintes dans la rue ou de voir des bébés ou petites filles, je pleurais à chaque fois...
Deux mois s'écoulèrent depuis cette épreuve, mon ami me voyait de plus en plus triste et me convainc d'en faire un autre pour, disait-il, relativiser les choses.
Deuxième grossesse... Tout se déroule bien... Angoisses à certains moments de revivre la même chose et de faire une crise d'épilepsie (j'ai connu cela pendant des années mais suis traitée), et à l'approche de l'accouchement celles-ci redoublaient et de nouveau cette crainte de ne plus être prête...
Je disais : "je veux avorter " mais c'était trop tard.

La dernière nuit, j'étais seule car mon ami travaille de nuit. Cette nuit-là, je ressentais des contractions régulières et mon ami, étant rentré, me proposa vivement de nous rendre à la clinique.
Une fois sur place, une sage-femme m'examine et me dit : "votre col est ouvert à 3 cm et ce sera sans doute pour cette nuit". Puis, je me retrouve seule dans cette pièce avec un sentiment de terreur.
"Non, je ne peux donner la vie !"

Puis tout alla très vite, on me fit une péridurale et m'administra des calmants contre l'angoisse. Je me sentais dans un état semi comateux. Le travail a duré 9 heures. On me fit deux autres péridurales car la douleur amplifiait et j'avais encore mal. Le personnel n'était pas au courant de mon dossier et dit à mon ami : "Qu'est ce qu'elle est nerveuse !".
Je ne pouvais plus pousser tant mes membres étaient ankylosés et je ressentais des décharges électriques à la délivrance, avec forceps et épisiotomie.
Le personnel a voulu me mettre mon bébé sur mon ventre et mon corps a exprimé le rejet.

Depuis un an je ne me sens pas mère !
Chaque jour est une épreuve, je me sens forcée à faire les tâches nécessaires au petit.
Je n'ai pas le sentiment que c'est le mien comme si j'étais sa baby-sitter.
Je regrette ma vie d'avant sans contrainte.
Je me sens vide et en même temps, je sens comme un poids lourd.
Je me sens dépersonnalisée et ma vie me parait irréelle !




Myriam

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