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Pour toi... Pour moi



J'ai accouché de ma merveilleuse petite fille début 2022.
Je connais une grossesse classique, sans nausée avec une mise au repos très tôt du fait d’un emploi difficile et de longs trajets.
Après un travail assez long de 18 heures, mon accouchement se termine en "code rouge ».

L'amour au centuple

Mais dès que tu es venue au monde, plus rien ne comptait, à part toi. J'avais oublié tout le reste. Les hormones m'ont emmenée dans un autre monde, celui des nuages. J'ai changé à l'instant où tu es née. De femme pleine de principes (le travail, le travail... !) et convaincue que ce serait mon mari "le papa poule", je suis devenue accro à toi.
Je t'ai immédiatement donnée le sein malgré les difficultés des premiers jours (douleurs aux seins et sutures) et la maltraitance de certaines « spécialistes en lactation ». Les premières semaines, tu ne prenais pas de poids. J'étais écrasée par la culpabilité et la maladresse de certains soignants. Je vivais cependant sur mon nuage, dans un état de sidération absolue.

Il n'y avait plus que toi et mon époux.


Tu allais avoir 4 mois, quand j'ai eu une crise de panique qui a duré près de 6h. Puis, pendant une semaine, j’ai déprimé, puis je suis quasi revenue à la case départ : le petit nuage. En toile de fond, je devenais maniaque, irritable et je voulais que mon mari soit plus présent. Quelque chose n'allait pas. L'état de sidération augmentait. J’étais très fatiguée. Mes émotions devenaient moins nuancées.
Mais j'ai fermé les yeux, poursuivi l'allaitement.

Le mal être a pris racine

J’ai pris un congé parental de deux mois, suivi de congés annuels durant l'été. Toujours allaitée à sept mois et demi, je ne parviens pas à te quitter plus de quelques heures. Je t'abreuve de tout mon amour : randonnées quotidiennes, câlins, admiration.... mon dieu, mais qu'est-ce que je t'aime !
Puis est arrivé ce jour de septembre.... tu as bientôt huit mois. J’ai dû reprendre le travail. Mon lait se tarit avec le tire-lait, tandis qu’on m’oblige à le tirer dans un sous-sol triste et froid... Je ne te vois pas parfois pendant plus de 24h... et mon travail n'a, à mes yeux, plus aucun sens. Trop de route, trop de maltraitance par la hiérarchie, trop d’heures au boulot…
Onze jours plus tard, succession de crises d'angoisse.

Cette fois, la dépression post-partum est là.

Hospitalisée en urgences psychiatriques quelques jours, on m'annonce que je dois cesser l'allaitement à cause des médicaments. A l'hôpital, je ne reçois aucune empathie pour les larmes et les hurlements que je pousse quand je dois tirer mon lait pour "en finir". Les psychiatres ne m’accordent que « une minute, pas une de plus » par jour, chacun d’entre eux me rend un verdict différent sans même commencer à m’écouter… le mot « souffrance » ne rentre pas dans leurs cases bien définies.
Trois mois plus tard, je ne m'en remets toujours pas : je m'accrochais à ces tétées comme à une bouée, comme si... j’avais senti qu’elles étaient le dernier rempart contre mon passé.

Le passé dans mon présent de mère

Ta venue au monde, mon ascension au rôle de maman, toute ma vie, toute mon enfance m'a explosé au visage : les violences physiques et psychiques de mes gardiennes (assistantes maternelles) les dix premières années de ma vie, les violences entre mes parents, celle de mon père à mon égard aussi, le harcèlement scolaire au collègue, les attouchements durant un voyage alors que je n'ai que dix ans, et toutes les violences que j'ai subies depuis le début de mon métier d'enseignante... je craque, mes troubles (TOC divers, troubles alimentaires, jeux-vidéos à l’adolescence) eux qui me protégeaient depuis trente ans, ne suffisent plus, je suis nue désormais, nue avec mes angoisses et ma souffrance.
La thérapie se poursuit, les mois passent, psychiatre et psychologue ne me lâchent plus. Traitement très léger, thérapie surtout, sans cesse, thérapie, thérapie. Hélas, une souffrance enfin évacuée, une nouvelle prend la place. J’en viens à remettre en question mon travail, source de nouvelles souffrances dans mon présent.

Le tunnel finit par s'éclaircir

Le temps passe. Tu vas avoir onze mois et tu es pleine de vie, "un bébé tellement souriant". Mon bonheur.
Moi je suis dans un manège de l'horreur, mais peu à peu, les jours sombres deviennent moins sombres, les jours s'éclaircissent. Enfin, par la thérapie, je mets du sens sur les violences de toute une vie que mon inconscient rejette désormais. Du sens, des mots, des larmes, des cauchemars, des crises de panique, une anxiété permanente. Pour un jour retrouver le bonheur, pour un jour quitter le manège, et pouvoir profiter pleinement de ma vie.

T'offrir ce qui m'a été refusé en tant que bébé puis enfant : la sécurité et la tendresse.

Je serai pour toi un barrage et un guide contre la cruauté qui m'a frappée dans une omerta totale. Je serai l'adulte responsable que je n'ai jamais rencontré, avant mon époux.
Je t'aime mon amour. Et je veux m'en sortir pour toi. Pour ton papa. Pour moi…
Pour tes grands-parents maternels aussi, eux qui sont en partie responsables
de mon épreuve...

Il parait que c'est un passage, je n'ai qu'une hâte : ne plus ressentir la souffrance psychique et physique qui assaillent au quotidien, qui me dévore dès que mes paupières s'ouvrent chaque matin...




K.

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