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Rien n’est jamais perdu



J'ai 49 ans et mon fils 17 ans, né en juillet 1998.

J'étais très heureuse d'attendre un bébé. Je lui avais fait une garde robe impressionnante. Mais au fur et à mesure que l'échéance approchait, je ressentais une angoisse, dont je ne parlais à personne.

Quand vie et mort s'entremêlent

Il faut que je précise que j'ai perdu mon grand-père en mai 1997, mon père en septembre 1997, et que j'ai été enceinte en octobre 1997.

 A la naissance de mon fils, j'étais euphorique. Mais au bout de quelques jours, j'avais beaucoup de doutes, me posais beaucoup de questions : serais-je une bonne mère, serais-je capable de l'élever, serais-je capable de le comprendre..

 A la sortie de la maternité, j'étais toujours angoissée, mais je n'avais pas eu le courage d'en parler à la psychologue de peur de ne pas être comprise…

 J'ai eu tort de ne pas me confier à un professionnel, car ensuite ce fut l'enfer…

Je ne dormais plus, ne mangeais presque rien, voulant être à l'écoute de mon bébé, mais je ne savais plus quand donner les biberons, ensuite je ne connaissais plus les doses pour les préparer ! J'avais peur de les laver car je craignais d'empoisonner mon fils avec l'eau de javel ou le produit vaisselle. Et l'heure du bain était une très grosse angoisse car j'avais peur de le noyer. J'ai même pensé que mon fils était la réincarnation de mon père.

Etant consciente que je traversais une période très difficile et qui n'était pas normale pour une jeune maman d'avoir de telles idées délirantes, voyant que mon mari n'avait pas l'air du tout de me comprendre, j'ai demandé de l'aide à une puéricultrice de ma commune. Elle est venue à mon domicile. Elle m'a comprise. Elle était très douce, m'a accompagnée, me notait sur un papier les doses pour les biberons à afficher sur le frigo, m'a fait venir des aides ménagères.

 Mais mon état ne s'arrangeait pas…. Et j'étais très blessée par les regards désapprobateurs et les réflexions désobligeantes de ces aides ménagères.

Hospitalisée en psychiatrie par manque de place en UMB

 La puéricultrice m'a donc informée de l'existence des unités mères enfants. Mais le centre qu'elle m'avait indiqué était complet et il n'y avait pas de place avant 1 ou 2 mois… Mon fils avait déjà 3 mois…

Donc en attendant je me suis décidée à aller à l'hôpital et à demander à voir un psychiatre. Mais je suis tombée sur une infirmière qui m'a fait remplir et signer une demande d'internement dans un service semi fermé !

C'était l'horreur, j'étais séparée de mon fils.

 Mon mari a donc alerté la puéricultrice, et toute ma famille est venue à la rescousse. La puéricultrice a rencontré la directrice du service psychiatrique et lui a expliqué qu'il fallait absolument que je garde une relation avec mon fils. Par conséquent, ma mère venait tous les jours à l'hôpital avec mon fils, et je lui donnais le biberon, le prenais dans mes bras dans une pièce, avec la surveillance d'une infirmière. Quand ma mère repartait avec mon fils, c'était toujours un déchirement.

Enfin l'unité Mère Bébé

Finalement la puéricultrice a réussi à avoir une place dans une unité mère enfant, et j'ai été hospitalisée fin septembre 1998, jusqu'à fin octobre 1998 à Montesson.

Ce service m'a sauvée.

J'ai rencontré des infirmières, des médecins, des psys, des puéricultrices … qui m'ont redonné confiance en moi, m'ont appris les gestes simples pour m'occuper de mon fils. J'ai fait des progrès fulgurants, mon fils, c'était la plus jolie merveille du monde.

Cela m'a rassurée de constater que je n'étais pas seule à traverser cette épreuve. Je pouvais parler, échanger avec les autres mamans, et je me disais que finalement mon état était moins dégradé que pour certaines, qui avaient de profonds problèmes de relations avec leurs enfants.

J'ai eu de la chance d'avoir toujours été consciente de mon état, et d'avoir été soutenue par ma famille, même si elle ne comprenait pas mon mal-être.

Ma relation avec mon fils est très fusionnelle, on se comprend d'un seul coup d'œil, nous sommes très complices. Mais je ne l'ai pas mis au courant de ce moment de notre vie…

Je n'ai jamais eu honte de parler de cette période de ma vie autour de moi, cela déculpabilise les mamans qui ne ressentent pas immédiatement une proximité allant de soi avec leur bébé.

J'ai dans mes affaires une cassette vidéo (mais je ne sais pas où elle est…). En effet, lors de mon séjour à l'unité mère enfants à Montesson, des journalistes tournaient un reportage pour l'émission « Des racines et des ailes ».

J'espère que mon témoignage apaisera d'autres mamans.




Brigitte

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