J'ai 24 ans et je suis tombée enceinte en avril 2014. J'ai accouché le 22 janvier 2015, le jour pile du terme. Après une grossesse magnifique, j'ai eu un accouchement idéal, et le séjour à la maternité s'est très bien passé. Le papa est resté jour et nuit avec nous (mais en dormant par terre, le pauvre).
Vendeuse en prêt à porter, j'ai pris un congé parental de 6 mois. Or, à rester à la maison, la situation a commencé à se tendre. Je stressais tout le temps à propos des horaires et de l'organisation, pour savoir si je pouvais aller faire les courses sans manquer l'heure du biberon et ce genre de chose... En fait, je ne vivais plus. Je commençais à m'occuper du bébé et effectuer mes tâches quotidiennes par obligation, sans aucun plaisir.
Puis 8 mois après ont commencé des malaises, suivis de violentes crises d'angoisse. Je me disais : je ne vais pas sortir dans les magasins pour ne pas faire de crise ; puis les crises sont venues en voiture, donc je ne prenais plus le volant seule. Ensuite ça s'est produit à différents endroits, donc je me suis enfermée petit à petit chez moi ... Mais les crises d'angoisse m'ont rattrapée chez moi.
La descente aux enfers a alors commencé. C'était tellement violent que je n'arrivais plus à manger; je vomissais sans arrêt. Je ne parvenais plus non plus à changer ma fille, ni à lui donner le biberon. Mon mari ne comprenait pas et me disait "tu vas te relever, ce n'est pas ton caractère". Mais je ne pouvais plus. Je pleurais non-stop, je ne me reconnaissais plus.
Un jour je lui ai demandé de m'emmener à l'hôpital pour qu'on me perfuse afin de retrouver un peu de forces, vu que je ne pouvais rien avaler. Mais au vu de mon état, on m'a proposé une hospitalisation, car j'avais sombré. Ne voyant plus d'issue, j'ai supplié mon mari de m'emmener quelque part pour être hospitalisée. J'ai donc fait un séjour de 6 semaines en psychiatrie, faute de place dans un établissement de repos, sous antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, et gouttes de décontractant musculaire.
Pendant mon séjour j'ai démissionné de mon travail car mon congé parental se terminait. Ainsi, je n'avais plus aucune vie sociale. Je ne me voyais pas revenir à la maison et recommencer la même chose. Du coup je ne voulais même plus sortir de la clinique.
Puis j'ai envoyé ma candidature pour un poste de vendeuse juste à coté de la maison. Donc j'ai eu un entretien, auquel je me suis rendue avec une autorisation de la clinique. A mon grand soulagement, j'ai été recrutée, et je suis sortie de cet établissement pour commencer mon travail.
Au travail, au moins, je ne pensais plus à rien. Ma vie a pu alors progressivement reprendre son cours habituel. L'appétit est revenu petit à petit. Avec ma fille ça va beaucoup mieux, mais il m'a fallu un an; c'est dur, très dur, de ne pas se comprendre. Pourtant, jour après jour, pas à pas, nous nous sommes rencontrées.
Aujourd'hui je n'ai plus de médicaments à part mon antidépresseur, qui est en diminution pour un sevrage.
En dehors de la prescription des médicaments, le suivi par le psychiatre m'a peu aidée, car il n'a pas répondu à mes questionnements. En revanche, un changement de pilule a contribué à mon mieux-être.
Au mois de novembre il y aura un an que j'ai sombré. C'est dur de ne pas comprendre ce qui nous arrive et de ne pas se faire comprendre. Avec de l'aide pourtant on s'en sort. Celle de mon conjoint, désorienté et choqué comme moi, mais indéfectiblement présent, m'a été très précieuse.