Je n'avais pas tiré la sonnette d'alarme. Je n'avais pas du tout pris la mesure du problème.
En fait, tout a commencé bien avant que je me rende compte que j'allais si mal.
J'ai eu une grossesse très surveillée. Dès la première échographie, on m'a diagnostiqué un syndrome de l'artère ombilicale unique. De plus, souffrant de bradycardie depuis plusieurs années, les médecins ont préféré suivre très attentivement la croissance et le développement de mon enfant. J'étais plutôt contente, cela me permettait de faire des échographies tous les mois, et donc de voir mon bébé souvent. J'étais déjà émerveillée sur ces images en noir et blanc, émerveillée par les contours de son corps, ses mouvements. Je trouvais cela formidable de pouvoir le regarder et le sentir en même temps. Je scrutais la ligne de son nez, les courbes de sa petite bouche, ses petites mains dont je pouvais compter les doigts, et ses petits pieds que j'avais tellement hâte d'embrasser et de sentir.
L'échographie a alors révélé que mon fils présentait un hypospadias. C'est une malformation congénitale des organes génitaux. Le lendemain matin, j'ai passé une échographie de trois heures à l'hôpital.
Après quelques autres examens, on m'a fait consulter une généticienne. Je pense que c'est la personne la plus insensible et dénuée d’humanité que j'ai rencontrée de ma vie. L'artère ombilicale unique plus l'hypospadias semblaient vraiment suspects. Elle m'a préconisé en urgence une amniocentèse et m’a invitée sérieusement à envisager une interruption médicale de grossesse. Je ne sais pas si j'étais plus abasourdie que dévastée.
Avec mon conjoint, nous pratiquions l'haptonomie depuis le quatrième mois. Je passais déjà des heures à parler à mon fils, à jouer avec lui, à le caresser, et je le sentais réagir, interagir. Je le sentais réceptif et serein. Cette annonce était donc totalement incompréhensible pour moi.
Elle a contacté le laboratoire auprès duquel j'avais fait les tests des trisomies 21, 18 et 13 au cours des premiers mois. Elle m'a interrogée sur ma famille, sur mes ascendants sur quatre générations, et sur ceux de mon conjoint. Elle s'agaçait lorsque je ne savais pas répondre, et moi j'étais tellement sonnée.
J'ai demandé un délai de 48 heures de réflexion. J’ai consulté les avis de mon gynécologue, de mes sage-femmes, de mon médecin généraliste, de mes proches. Mon conjoint m'a immédiatement dit qu'on ne ferait ni amniocentèse ni IMG. Il m'a dit que notre fils était déjà là et qu'il faisait déjà parti de nos vies. J'ai écouté tous ces avis et j'ai réfléchi. J'ai passé deux nuits assise par terre dans la future chambre de mon fils a pleurer en câlinant ses doudous et en serrant mon ventre. Au bout de 48 heures, j'ai rappelé la généticienne. J'ai annulé l'amniocentèse. Elle a insisté pour faire un caryotype à mon bébé à sa naissance. J'ai vraiment eu l'impression qu'elle cherchait à faire une découverte scientifique. Je ne l'ai jamais rappelée.
J'ai passé les quatre dernières semaines au calme, à profiter de ces derniers moments à deux dans mon corps.
J'avais très peur de l'accouchement, j'ai toujours été très mal à l'aise lors des conversations sur ce sujet. Alors je me suis beaucoup renseignée, j'ai suivi les cours de préparation. Et puis j'ai beaucoup travaillé ma respiration. J'ai fait de la relaxation tous les soirs, ça m'a énormément aidée.
J’ai eu un accouchement facile et rapide. J’étais ultra concentrée sur ma respiration et sur la gestion de ma douleur. J’étais dopée aux hormones. J’avais l’impression d’être forte comme une Walkyrie et sereine comme Bouddha.
Tout a changé à l’instant où mon fils est sorti de mon corps. C’est comme si on m’avait arraché le meilleur morceau de mon être et avec lui ma chaleur, ma joie, ma vie. Je me suis sentie mourir. C’était très étrange, j’étais à la fois soufflée par la perfection de ce petit être magnifique, et désemparée par mon vide intérieur. Je l’ai aimé inconditionnellement dès l’instant où nos regards se sont croisés.
Le séjour à la maternité s’est très mal passé. Je n’arrivais pas à dormir à cause du bruit, du stress de mal faire avec mon bébé, et des va-et-vient permanents, et je me sentais seule et démunie. En plein Covid, seul mon conjoint pouvait être présent.
Mon fils présentait à la naissance une autre malformation génétique. Il avait des taches de type angiome des fesses aux pieds, et chacun y allait de son diagnostic. Personnellement, je ne voyais pas la raison d’une telle agitation, j’étais tellement rassurée qu’il aille bien. Quand on nous a informés à 36 semaines de grossesse que notre enfant serait probablement trisomique, des taches aux jambes ce n’était vraiment pas grand chose. Mais j’ai bien senti que les dermato-généticiens, et les pédiatres de la maternité n’étaient pas de cette avis…
J’ai passé quatre jours à la maternité, je pleurais de plus en plus et je voulais désespérément rentrer chez moi. Le 2ème jour fut le plus dur. La puéricultrice qui m’a accompagnée pour le premier bain n’a fait qu’être désagréable, se moquer de mon inexpérience et me crier dessus parce que j’étais trop lente et que mon fils risquait de se refroidir, elle m’a retiré mon fils des mains, et je n’ai fait que pleurer tout du long. Mon conjoint était là aussi et a également été pétrifié par son attitude. Heureusement, le lendemain, le bain s’est bien mieux déroulé, avec une puéricultrice patiente, douce, rassurante. Ce 3ème jour, la pédiatrie refusait de me laisser sortir car mon fils n’avait pas pris de poids.
Le lendemain, je sortais enfin, après avoir négocié d’aller tous les jours faire peser mon fils au centre périnatal. Il mangeait bien, n’avait pas de reflux, mais il avait beaucoup de mal à grossir. C’était stressant. Tous les jours, j’avais peur qu’il soit hospitalisé. Ça a duré 10 jours.
Chez moi aussi j’étais perdue. Complètement perdue. J’étais épuisée mais je ne dormais pas. Je pleurais beaucoup. Et surtout j’avais peur de ne pas prendre suffisamment soin de mon bébé, je craignais qu’il soit en souffrance ou en détresse et que je ne m’en rende pas compte. Je me sentais tellement nulle, et tellement, tellement perdue. Je culpabilisais d’être dans cet état et de ne pas savoir quoi faire, comment m’en sortir.
Je sentais que j’étais mal, de plus en plus mal, qu’on me le reprochait, et je ne savais pas comment faire pour aller mieux. Je détestais tous ces conseils pragmatiques et tellement déshumanisés, je ne voulais plus les entendre. J’avais déjà tellement de mal à suivre mon instinct, je ne tolérais pas qu’on remette en question ou qu’on critique mes actes. Je me sentais tellement incomprise et seule au monde.
Rapidement, j’ai eu envie de partir. De prendre mon fils sous le bras et de partir à l’autre bout du monde. Je rêvais de dormir des heures, des jours au soleil. Plus les jours passaient, plus je me sentais au fond du trou. J’avais la sensation que personne ne me comprenait, et que mes proches creusaient ce trou encore plus profondément. J’étais encore loin du fond en fait, mais je continuais de descendre jour après jour.
Heureusement, mon fils m’émerveillait. Je l’ai immédiatement aimé si fort, tellement, tellement fort. Je lui disais sans cesse : « Maman t’aime plus fort que tout à chaque instant. » J’étais subjuguée par sa beauté, sa perfection. Depuis qu’il est né, je lui dis sans cesse qu’il est « mon Soleil, ma Lumière et ma Joie ». Ce ne sont pas des mots tendres, c’est à prendre au sens littéral. Durant les heures que je partageais avec lui le soir, ma fatigue était la même mais ma tristesse me semblait moins envahissante. Mon fils m’apaisait et le regarder me fascinait. J’utiliserais ici là métaphore d’un crépuscule sur la mer. On est assis, on ne fait rien d’autre qu’observer, et c’est magnifique. La course du soleil est lente et douce. On s’abreuve de chaque détail, chaque lumière, chaque reflet. Rien d’autre alentour ne peut voler la vedette à cette image. Tout est calme et paisible.
Il a également fallu faire face aux malformations génétiques. Heureusement aucune n’est grave. Elles sont contraignantes et nécessitent un suivi et des soins réguliers mais notre enfant ne présente aucun handicap.
Nous nous sommes tournés vers l’hôpital pour enfants de notre région : la Timone. Notre fils y est suivi dans deux services distincts, en urologie/viscérologie et en dermato-génétique. Nous consultons plusieurs fois par an, et il y a subi plusieurs interventions. Mon fils est également suivi par un kinésithérapeute pour bébé, une équipe d’orthopédistes et un spécialiste en médecine physique et de réadaptation. Ça fait pas mal de rendez-vous !
J’ai aussi eu deux rendez-vous au pôle périnatal durant le premier trimestre après sa naissance, mais l’état de santé de mon fils éclipsait le mien, et personne ne s’est réellement soucié de moi. J’avais tellement peur de passer pour une mère nulle que je ne disais rien non plus.
La question de la reprise du travail s’est aussi posée. Nous avions entrepris des démarches au début de ma grossesse et avions obtenu une place en crèche pour la rentrée de septembre. Mon fils est né en avril. Il avait presque cinq mois lors de sa rentrée en crèche. Je passe sur la culpabilité qui est ici tellement évidente. Cela étant, je précise que mon fils est très bien pris en charge et se plaît beaucoup à la crèche. Avant sa naissance, je travaillais en horaires décalés, souvent tard le soir et les week-ends. Désormais ça ne serait plus possible. J’ai démissionné et trouvé un nouveau travail 3 semaines plus tard. Mes nouveaux horaires correspondaient à l’amplitude d’ouverture de la crèche. Mon fils a donc fait 10h de crèche par jour, 5 jours par semaine, et je me suis investie à fond dans ce nouveau boulot pour être performante le plus vite possible, et donc gagner du temps et de la liberté d’esprit. Je réalise aujourd’hui à quel point c’était bête et mal pensé. J’aurai mieux fait de m’économiser pour garder mon énergie, apprendre progressivement, et arrêter de me mettre la pression pour tout, tout le temps.
Mon fils ne faisait pas ses nuits.
Mon fils dormait déjà dans sa chambre. Nous avions arrêté le cododo début août. Depuis, les nuits étaient hachées. Mon conjoint ne voulait pas mettre notre fils dans notre lit car il avait peur de l’écraser ou de l’étouffer. Le plus souvent, je me rendormais avec mon fils sur le canapé. Et le lendemain j’étais fourbue.
Je pleurais tellement, à chaque difficulté, à chaque échec, tous les matins en sortant de la crèche, tous les jours dans ma voiture, et même parfois devant les clients… J’avais dépassé le stade de la fatigue. J’étais devenue un zombie. J’avais l’impression de vivre en pilote automatique. J’avais l’impression étrange de ne plus ressentir d’émotion et en même temps d’être en permanence triste et malheureuse. Je ne me confiais à personne. J’étais incapable de parler. Le dialogue était rompu avec mon conjoint, il ne me reconnaissait plus et ne comprenait pas du tout ce qui m’arrivait. Malgré nos difficultés, je ne voulais prendre aucune décision définitive concernant mon couple, j’avais conscience de ne pas être dans mon état normal et je doutais de mon objectivité en la matière. Je ne parlais plus ni à ma mère ni à ma belle-mère. Et je me tenais suffisamment éloignée du reste de mes proches pour que personne ne mesure l’ampleur de mon désarroi. Je ne parlais à personne de tout ça. Je n’en ai pas non plus parlé à mon médecin généraliste. Il me suivait depuis mon enfance, il connaissait ma famille et j’avais tellement honte de ne pas m’en sortir et d’être aussi nulle. Alors à lui non plus je n’ai rien dit. De toute façon, je n’avais pas le temps de m’appesantir.
Autour du mois de février, j’ai commencé a envisager que tout s’arrête. Je me disais que si ma vie s’arrêtait, je ne serais plus ni triste, ni tellement fatiguée. De par ma profession, j’avais une voiture de fonction et j’étais amenée à me déplacer, je faisais environ 200km par jour. J’ai commencé à rouler très dangereusement et extrêmement vite. D’abord parce que je courais sans cesse après le temps, et puis par lassitude et par indifférence. Et j’ai commencé à l’imaginer… Je pleurais déjà plusieurs fois par jour dans ma voiture depuis des mois. Et là, les larmes brouillant ma vue et mon esprit, je me voyais donner un petit coup de volant.
Et cette idée est devenue récurrente. Toujours sur l’autoroute, toujours en excès de vitesse spectaculaire, je me voyais sortir de la route, j’imaginais que toute cette souffrance s’arrête. J’avais du mal à me rappeler comment c’était de se sentir en paix mais il fallait que je l’arrête. Et puis si tout s’arrêtait, je ne serais plus si épuisée, incroyablement épuisée.
Mon contrat de travail était un CDD qui devait déboucher sur un CDI. J’ai pris la décision de ne pas signer le CDI. Je me suis dit : tiens jusqu’à la fin de ton CDD et après tu pourras prendre un peu de temps pour te reposer et te remettre. Et tous les jours je me disais : tiens encore aujourd’hui, tu y es presque. J’étais tellement à côté de mes pompes que je me suis trompée dans mes dates de contrat, et pas qu’un peu. Fin mars, j’ai appelé mon supérieur pour l’informer que mon contrat se terminait et que je ne donnerai pas suite. Mon supérieur a compris mon choix de ne pas poursuivre en CDI, mais par contre il m’a informée que mon contrat se terminait fin mai et non fin mars…
Je me rappellerai de cette journée toute ma vie. Je me suis garée dans une petite rue que je ne connaissais même pas, sans savoir comment j’y étais arrivée. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Puis j’ai repris la route et je suis arrivée chez mon premier client avec 3h de retard, et j’ai encore pleuré. Chez les clients suivants aussi. J’ai essayé de joindre ma sœur pour lui parler et lui demander conseil. J’ai fini ma journée bon an mal an. Et je suis rentrée chez moi sans aller chercher mon fils à la crèche. Garée devant la maison, je n’ai pas pu descendre de ma voiture, j’ai fait une crise d’angoisse. Je pleurais tellement que je ne respirais plus. Impossible de me calmer.
Et puis j’ai eu ma sœur au téléphone qui m’a aidée à trouver des solutions. Elle m’a mis en contact avec la RH de son entreprise pour qu’elle m’informe du cadre légal vis-à-vis de mon employeur, et elle m’a convaincue d’aller chez le médecin le lendemain. Enfin elle m’a rappelé d’aller chercher mon fils à la crèche. J’y suis arrivée avec une heure de retard.
J’avais une amie en arrêt à la suite d’un burn-out professionnel. Je savais qu’elle prenait un traitement et qu’elle voyait un psychiatre. Je l’ai appelée pour lui demander le nom de son médecin. Elle m’a dit : viens demain, je t’emmène. Le lendemain matin, je l’ai retrouvée chez elle avec mon fils. Je n’ai rien dit et elle ne m’a rien demandé. Elle a gardé mon fils le temps que je rencontre le médecin.
Je suis rentrée pleine de honte et de culpabilité dans le bureau de ce médecin que je ne connaissais pas. Je me suis assise et j’ai simplement dit : je viens vous voir parce que ça ne va pas du tout. A la fin de la phrase, j’étais déjà en larmes. C’était un homme d’une cinquantaine d’années. Il m’a interrogée de manière délicate, sans insister ni manifester de surprise, sans me faire répéter, sans me mettre mal à l’aise. Il m’a immédiatement prescrit des antidépresseurs, des anxiolytiques, m’a fourni un arrêt de travail et m’a recommandé d’aller voir rapidement un psychiatre.
J’ai très peu pris les anxiolytiques. Ça m’assommait trop. Je n’en ai pris qu’une nuit. Quand mon fils a pleuré, j’ai eu l’impression de me réveiller du fin fond d’une grotte où j’aurais hiberné durant 7ans… j’ai eu du mal à me lever pour aller le réconforter, et je me suis dit que peut-être il avait pleuré sans que je ne l’entende plus tôt dans la nuit. J’ai culpabilisé et décidé de ne plus en prendre la nuit. Lorsque j’en prenais le jour, je ne me sentais pas capable de conduire, et je ne me trouvais pas assez vive pour bien m’occuper de mon bébé. J’en ai pris la première semaine quand mon fils était à la crèche. Ça m’a permis de dormir. C’était tellement bien de pouvoir dormir. Et puis je me sentais assommée mais ma mélancolie aussi était assommée. Après cette première semaine, je n’ai plus pris d’anxiolytiques. Par contre j’ai pris rigoureusement mes antidépresseurs.
Avant cette épisode, j’étais plutôt contre ce type de médicament, je craignais une addiction et une altération de mon état psychique.
Je précise aussi que j’ai découvert plusieurs pages formidables sur le post-partum à ce moment là. Notamment la vôtre et celle de Justine Boudet. Ça m’a beaucoup aidé. Je me suis aperçue que je n’étais pas la seule, loin de là, et ça m’a énormément déculpabilisée. Je me reconnaissais dans les dessins, dans les témoignages… Ça m’a vraiment fait du bien.
Le premier anniversaire de mon fils approchait à grand pas. L’événement me stressait. Mais je savais qu’après je pourrais enfin prendre le temps de me reposer. Le jour de ses 1an, j’ai décidé de profiter à fond de sa 2ème année. J’avais conscience d’avoir gâché la première à être au plus mal, à avoir constamment peur qu’il lui arrive quelque chose, peur de tout ce qui ce passait, peur de mal faire ou de rater, peur de ne pas savoir faire, peur de vivre ma maternité. Je culpabilise encore aujourd’hui d’avoir raté des occasions de profiter pleinement de ses premiers mois. Et sincèrement, je fais de mon mieux désormais pour qu’on profite de tous les moments. J’ai joué sans cesse, chanté, lu, raconté, montré, fait essayer, fait toucher, fait sentir, fait découvrir, fait gouter….
Aujourd’hui mon fils a 28 mois, et il est en pleine forme. Il est de plus en plus magnifique de jour en jour. Avec son père, on n’en revient toujours pas d’avoir un enfant aussi magnifique ! Mon fils est toujours mon Soleil, ma Lumière et ma Joie. Je lui dis toujours tous les jours que je l’aime plus fort que tout à chaque instant.
J’ai arrêté les antidépresseurs entre mai et août 2023, à ma demande mais sous la supervision de mon médecin et progressivement. J’en ai donc pris durant un peu plus d’un an. Je crois sincèrement qu’ils m’ont aidés à traverser cette crise. Je n’en ai que très peu parlé autour de moi, me sentant encore trop fragile émotionnellement et honteuse aussi.
Aujourd’hui je me sens beaucoup mieux mais je n’ai pas retrouvé celle que j’étais avant. Je reste marquée par cette dépression et je me sens encore parfois fragile. J’ai notamment beaucoup pleuré en vous narrant ses souvenirs.
Je vous livre ici tous ces détails car je crois que beaucoup de choses auraient pu mieux se passer, notamment durant ma grossesse et durant mon séjour à la maternité. De plus, j’aurai aimé qu’on me propose un contact avec une association comme la vôtre et un lieu où rencontrer d’autres femmes qui traversaient la même tempête que moi. J’ai probablement mal géré, je me suis isolée plutôt que d’appeler au secours. Mais peut-être ne suis-je pas la seule. Peut-être que notre société pourrait s’orienter vers ce type de dépression en l’abordant comme un problème de santé publique, en faisant de grandes campagnes d’information et en proposant un suivi psychologique pour les femmes qui viennent d’avoir un bébé. En tout cas, ne pas les lâcher dans la nature. Heureusement, la dépression post-partum ne concerne pas toutes les naissances mais elle semble être plus courante qu’on ne le croit. Et pourtant je pense que certains facteurs auraient pu, dans mon cas et sûrement dans ceux des autres, être évités, ou du moins amoindris.
Coline