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La maternité, épanouissement total de la femme ?



Jeune maman de 30 ans, d'une petite puce de 21 mois, je me sens aujourd'hui prête à partager mon témoignage de maman ayant traversé un énorme baby blues ou une DPP,

afin d'aider et d'échanger avec d'autres mamans qui sont dans la même situation.


Ma fille est née le 4/08/2013, après une grossesse merveilleuse.

Cependant sa venue au monde l'a été beaucoup moins.

Comme elle restait coincée dans le bassin, l'obstétricien a eu recours à une ventouse, sans vraiment m'expliquer l'intérêt de cette manipulation, ni me rassurer ; il a eu au contraire un ton très sec. C'était douloureux, et très angoissant, car je craignais que mon bébé en souffre. De fait, elle a été blessée à la tête, avec une partie du cuir chevelu arraché. Elle a dû prendre du doliprane en systématique toutes les 6 heures.

De plus, ma péridurale ne fonctionnait plus, donc j'ai vécu mon accouchement dans la douleur et la peur.

Et ce petit bébé blessé que je ne pouvais serrer dans mes bras à cause de sa blessure à la tête...

Ensuite ma fille a été transférée en néonatologie car elle ne gardait pas ses biberons. Et là mon moral s'est effondré totalement.

Elle y est restée 10 jours, et mon mari et moi rentrions chez nous sans bébé. Sa chambre était vide, mon ventre était vide, et nous vivions au rythme des allers et retours a l'hôpital.

Dans ce service de néonatalité, on s'est très bien occupé de ma fille, mais nous recevions peu d'informations et d'explications, et les médecins restaient froids et distants ; contrairement aux infirmières, pour lesquelles je garde ma reconnaissance.

Pendant ces jours-là, la psychologue de l'hôpital est venue me voir une heure de temps. Aucun suivi ne m'a été proposé cependant.

Je souffrais moralement de l'éloignement de mon bébé tant désiré et de l'angoisse suscitée par sa blessure et son problème d'estomac, qui s'est avéré être un RGO interne. Et je souffrais physiquement des suites d'une épisiotomie mal réalisée. Mes proches ne comprenaient pas, parlaient de baby blues, répétaient que ce n'était qu'une question de temps ...


Puis est venue l'heure de la sortie. Nous nous sommes retrouvés tous les trois chez nous, et dès les premiers jours je n'ai pas ressenti la joie de la maternité, ce sentiment de bonheur ultime.

Là encore, la famille et les amis ont tenté de me rassurer, me disant que je faisais un baby blues, que cela viendrait, que les premiers mois étaient les plus pénibles...

Puis les semaines, les mois ont passé, et cela n'a fait qu'empirer. Ma vie de femme, d'avant, me manquait. Les sorties, les copines, tout était devenu impossible avec un bébé... Et mon corps avait changé, je ne me trouvais ni belle ni désirable pour mon ami.

Ce bébé qui souffrait d'un RGO, je l'aimais, mais j'étais trop stressée, paniquée, par ce nouveau rôle de maman. Malgré le lait anti-refux, elle a développé une œsophagite à 4 mois, ce qui la faisait hurler terriblement à chaque biberon. En dehors de ces moments douloureux, c'était un bébé tranquille, « facile ». Mais il nous a fallu plus d'un an pour trouver un pédiatre compréhensif et soutenant !

Je ressentais le besoin vital de me retrouver auprès de ma maman ; il n'y a que là que j'étais bien... Pourtant, je suis restée chez nous, auprès de mon ami et de ma fille. La proximité fusionnelle qui avait toujours existé entre ma mère et moi me soutenait suffisamment sans que j'ai besoin de me réfugier chez elle ou de la faire venir chez moi. Nous avons cependant pris 2 semaines de vacances ensemble (mon ami, ma fille, mes parents et moi), ce qui m'a ressourcée.

Mais en dehors de mes parents, mes proches ne me comprenaient pas, s'éloignaient. Je me renfermais, je culpabilisais par rapport aux normes sociales. La maternité, épanouissement total de la femme ? Toutes les jeunes mamans heureuses et comblées ? Ça ne me concernait pas et je me sentais à part, hors normes, incomplète.

J'ai toujours aimé mon bébé, mais je me sentais seule, perdue, maladroite dans ce nouveau rôle de maman. Pendant mon congé maternité j'ai beaucoup souffert de la solitude, de l'isolement et du manque de vie sociale ; je tournais en rond, et j'essayais de sortir un maximum de chez moi, car enfermée je n'étais pas bien...

Et ce bébé qui n'attendait que sa maman...


J'ai alors décidé d'en parler à la psychologue de la PMI. Je l'ai consultée 3 ou 4 fois, ce qui a été d'une grande aide, tout en me laissant avec le besoin d'une psychothérapie complète pour me permettre de refermer la blessure.

Étant réticente à prendre des anti-dépresseurs, j'ai été supplémentée en magnésium et j'ai suivi un traitement homéopathique, ce qui m'a aidée à remonter la pente.

La reprise du sport m'a également été très bénéfique. Et le dialogue avec mes amies mamans a somme toute constitué un soutien.

Le retour au travail était à double tranchant pour moi.

Exerçant la profession d'éducatrice spécialisée en pédopsychiatrie, je sais combien les premiers liens tissés entre un bébé et sa maman sont importants dans la construction de l'enfant . Donc mon métier m'a fait réfléchir et avoir peur pour le développement de mon enfant. Je côtoie tous les jours des enfants qui n'ont pas été investis, ou mal, par leurs parents.

D'un autre côté, je retrouvais une vie sociale, mon travail qui me plaisait, et mes collègues, ce qui me faisait du bien. Tout recommençait comme avant, avec une nouvelle organisation. Ma fille est entrée en crèche à 3 mois, et le soir j'étais heureuse et impatiente de la retrouver et d'échanger avec les dames de la crèche.

Le soutien de mon mari et de mes proches, et ma fille qui grandit, m'ont aidée et m'aident chaque jour un peu plus.

A 7 mois, elle a été hospitalisée trois jours pour une très forte gastro. Et là, s'est produit un déclic : c'est mon bébé, je l'aime, c'est ma vie...


Aujourd'hui ma puce a 21 mois et je pense avoir réussi à me sortir de tout cela. Je suis une maman épanouie, ma fille mon ami me remplissent de joie et d'amour.

Mais je reste une maman marquée, anxieuse, blessée et culpabilisée de ne pas avoir su créer ces premiers liens si importants avec mon bébé. J'espère de tout cœur que ma fille ne gardera pas de séquelles de toute cette période. Et j'ai perdu tout au long de ce chemin de nombreuses amies qui n'ont pas su entendre, comprendre...




Lilo

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