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L'idée de m'en occuper me terrorise.



Je m'appelle Marilyne, 38 ans et maman d'un garçon plein de vie de 12 ans.

Grossesse heureuse

Il y a 12 ans je mets au monde mon petit gars. Un bébé que nous avions tant désiré et que j'aimais déjà avant qu'il naisse. Des cours d'haptonomie pendant ma grossesse me permettent déjà de rentrer en contact avec Valentin, ce petit bonhomme. Cette grossesse me rend encore plus heureuse, fière de ce ventre que j’arbore. J’étais très active entre mon travail, mon époux et ce bébé qui allait arriver.

Tout était parfait.

Rien n’allait pouvoir troubler cette vie.
Mais un élément va perturber cette nouvelle arrivée.
Valentin arrive plus tôt que prévu.

Arrivée imminente

Après seulement 3 jours de congés maternité, je me trouve assaillie de douleur et je comprends que l’accouchement est proche. Moi qui m’étais projetée quatre semaines à la maison à pouvoir me reposer et prendre soin de nous !

Mais non, Valentin a décidé de montrer le bout de son nez 30 jours avant le terme.

Dès l'accouchement, tous mes idéaux de maman au top se sont écroulés. Tout d’abord, avant d’avoir Valentin dans les bras, on m’annonce qu'il a une malformation et qu’une opération va devoir être prévue avant ses 18 mois. Rien de grave mais embêtant tout de même. Au cours du séjour à la maternité, rien ne se passe comme je l’avais imaginé. L’allaitement se passe mal. Je n’arrive pas à nourrir Valentin car je n’ai pas de lait. L’équipe médicale me culpabilise car je souhaite arrêter. À aucun moment n’est décidé de donner un complément à Valentin… Au bout de 4 jours, je décide d’abandonner l’allaitement et décide de nourrir mon bébé avec du lait artificiel. De la culpabilité commence à arriver.

Des émotions fortes m’envahissent. Je ne fais que pleurer, je ne dors plus et mon bébé pleure également, du coup. L'idée de m'en occuper me terrorise.

Un retour chargé d'appréhension

La perte de mon emploi trois jours avant mon accouchement m'avait coupée d'une sphère sociale qui me manquait. Le retour à la maison est dur. Je ne me supporte pas de me voir comme cela. La solitude est là de plus que mon conjoint rentre tard.

La fatigue s’installe et cette vie me fait peur.

Mon entourage ne me comprend pas. Comment ne pas pouvoir s’occuper de son propre bébé ?

Ma mère essaie de m'aider mais cela est trop dur. Les journées passent mais cela ne va pas mieux. La psychiatre qui me suivait, voyant que mon état ne s'arrangeait pas, me propose d'aller en hospitalisation de jour 3 fois par semaine afin de garder le contact avec mon bébé et de me sentir épaulée avec des professionnels qui allaient me rassurer et essayer de me redonner confiance en moi.

Hospitalisation salvatrice, presque...

Cet endroit fut un échappatoire et un refuge. J’avais enfin des personnes, des professionnels qui pouvaient comprendre ce que je ressentais. Je me sentais étrangère de ce « moi » que je m’imposais. Je ne me comprenais plus. « Comment toi, Marilyne, qui a tant voulu de ce bébé, peux tu en arriver là, à passer tes journées dans un lieu extérieur à ta maison, à faire dormir ton fils dans une chambre blanche et froide… ».

Mais je savais que pour survivre, vivre et réapprendre à me faire confiance, c'était un passage obligatoire.

Pourtant, au bout de 6 mois, j'ai ressenti un épuisement énorme. Je ne pouvais plus tenir Valentin dans les bras, lui donner un biberon était devenu impossible. J'ai donc demandé à être hospitalisée afin de pouvoir me reposer. Je sentais au fond de moi que ce séjour allait être obligatoire.

Une séparation nécessaire

Ce mois a été bizarre car j’étais assaillie par des sentiments énormes de culpabilité mêlés en même temps à un besoin de fuite. Ne pas vouloir assumer, la peur de ne pas pouvoir assumer. D’ailleurs, ce mois-ci m’a paru comme une parenthèse qui permettait de me sentir en paix avec moi-même. Je n’avais qu’à m’occuper de moi. Un peu égoïstement…

Je me souviens de longs moments à discuter avec les patients du service. Ces discussions avec eux me permettaient de me ressourcer et de me rendre compte de beaucoup de choses.

C’était un service de repos où chacun était là pour des raisons différentes.

Cette période d'hospitalisation paraissait me protéger de cette vie qui m'attendait, si bien que je ne voulais pas rentrer chez moi car je savais que cela n'allait pas être simple et que j'allais devoir me battre contre moi-même, contre mes peurs, mes incertitudes. Mes émotions me faisaient peur. Je me rappellerai toujours une phrase du chef de service qui m’a dit : « Ici ce n’est pas la vraie vie, l’extérieur est la vraie vie, votre vie à vous vous attend, ne soyez pas pressée et laissez vous guider par ce qui va se passer. ».

Une prise de conscience s’est installée mais je savais que le chemin n’allait pas être simple. Malgré tout, je sentais au fond de moi que j’allais y arriver…

À ma sortie de l’hôpital (mais toujours en hospitalisation de jour) ma famille, mes amis, la marraine de mon loulou sont présents pour nous.

Retrouver une vie

Au bout d'une année, je décide de retrouver du travail. J'ai compris que le seul moyen de m'en sortir est de retrouver une vie : ma nouvelle vie. Mon état de santé s'améliore et ma persévérance à trouver un emploi paye.

J'ai senti un petit bien-être qui grandissait dans le fait de ne pas me sentir qu'une maman mais Marilyne, une personne qui vit sa vie de maman, d'épouse et qui travaille. Une confiance en moi commençait à revenir.

Je me sentais exister et utile. Mon fils grandit et j'apprends avec lui.

Ma psychiatre m'a beaucoup épaulée, c'était un pilier énorme. Elle me comprenait.

Valentin grandit et ma confiance en moi grandit également.

Notre histoire, son histoire il la connait. La maternité m'a transformée.

À mon fils, Valentin.




Maryline

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