Récit d'une psychose puerpérale :
J'ai accouché le 20 août 2004 d'une adorable petite fille : J. L'accouchement a été très long et douloureux (la péridurale n'ayant pas d'effet) mais j'avais la joie d'avoir une petite fille en bonne santé. Je voulais l'allaiter et cela a été très difficile car les sages-femmes étaient toujours pressées, préféraient donner le biberon et n'ont jamais pris le temps de me montrer comment il fallait faire.
Quand j'ai voulu appeler l'association de l'allaitement maternel de ma région, une sage-femme s'est enfin décidée à me montrer après 2 jours de galère !
Au 3ème jour de maternité, j'ai eu le baby blues : je n'arrêtais pas de pleurer et les sages-femmes m'ont dit que ça allait passer !
Franchement avec le recul je m'aperçois que cette maternité était vraiment nulle : aucun soutien psychologique !
Je suis sortie au 5ème jour et une fois chez moi, ça a été la dégringolade !
Au 8ème jour après l'accouchement, submergée par la tristesse de ne pas pouvoir aller au mariage de mon frère, par l'absence de ma famille, toute mon enfance a ressurgi et j'ai hurlé de désespoir :
Je voulais mourir !
J'ai crié à mon mari: "appelle le 15, appelle le 15!!"
Le pauvre, il ne comprenait pas ce qu'il se passait ! J'ai donc couru chez les voisins et il a fait le numéro et une ambulance est venue me chercher.
J'ai passé 4 jours aux urgences psy et ai été orientée vers l'hôpital psy pour 2,5 mois.
Une fois sortie, j'ai eu un solide accompagnement que j'ai toujours d'ailleurs. Je n'ai malheureusement pas connu d'unité mère-enfant mais la psychologue m'a beaucoup rassurée à ce sujet, en me disant notamment qu'il était préférable d'être séparés lorsque la maman n'allait pas bien car le bébé ressentait le mal-être de sa mère.
Ma fille J a eu 1 an cet été et il y a un an, j'étais dans cet hôpital psy à L (près de N).
En fait actuellement je suis très bien suivie à domicile : infirmières qui viennent me voir 1 fois par mois pour le traitement ; psychologues pour J, et au CMP avec un rendez-vous par mois avec psychologue et psychiatre.
Tout cet arsenal d'"hospitalisation à domicile et au CMP" m'a permis de m'en sortir véritablement après 2,5 mois d'hospitalisation en psychiatrie.
Ma fille m'a terriblement manqué lors de mon hospitalisation, surtout les 6 premières semaines où je n'ai pu la voir qu'une seule fois pour lui donner le biberon ! L'allaitement était impossible à cause des médicaments, ce que j'ai très mal vécu. Ensuite mon mari me l'amenait tous les jours et on se balladait dans l'enceinte de l'hôpital. C'était un moment très dur mais ça a renforcé notre couple.
J'ai revu aussi dans des délires toute mon enfance et ma venue au monde (exactement comme c'est décrit sur le site de Maman-blues.org !!). Le suivi avec la psychologue m'aide énormément et depuis un an, on a fait un travail considérable sur mon enfance, sur le pourquoi de ces troubles à l'accouchement.
Même si je n'ai pas toujours les réponses de ma mère ? qui continue à me cacher certaines choses.
Dans mon cas, ce sont beaucoup de non-dits qui ont pourri ma vie (notamment sur la mort brutale du frère de ma mère alors qu'elle était enceinte de moi) ; Bref, à mon avis, les psychoses sont en partie dues à des non-dits de nos mères trop soucieuses de notre bien-être alors que c'est tout le contraire :
Il faut parler à son bébé de la vie comme de la mort !
En espérant ne pas faire les mêmes erreurs...