Je suis maman d'un petit garçon de trois ans, super beau, super joyeux et super mignon.
Mon fils était voulu. J'avais le bon âge. Ma grossesse s'est plutôt bien passée cliniquement. J'avais choisi la bonne clinique, celle où tout le monde était bienveillant. J'avais pris des cours d'haptonomie, je voulais vraiment que tout soit parfait pour accueillir le bébé. J'avais suivi tous les cours de préparation à la naissance.
J'étais au chômage et mon conjoint était arrivé en fin de droits. Résultat : un stress incommensurable dès le premier mois, la peur d'être une mauvaise mère le moment venu, que les services sociaux nous tombent dessus, de dépasser le quintal (je taille un 38 les lendemains de fête de Noël), de ne pas y arriver. Je surveillais mon alimentation et les derniers mois, je faisais des crises de boulimie à me faire vomir tellement je craignais de prendre trop de poids. Mon conjoint était très critique à mon égard à ce moment-là, où je prenais les choses de toute façon très mal.
Je lui tricotais des choses et je lui chantais des chansons pour réussir à me projeter. J'écrivais sur lui, tout était un peu surjoué. J'avais honte de ne pas pouvoir être joyeuse.
Je détestais me voir en photo enceinte, et même aujourd'hui, quand je vois des photos de cette époque, je me trouve laide.
La naissance a été déclenchée, mon fils est né en 7 heures. Mon conjoint voulait tout le temps le prendre.
Je culpabilisais de vouloir sortir une heure de la maternité en journée et de vouloir laisser le père et son fils dans la chambre pour prendre l'air.
Au retour, l'allaitement au sein se passait très mal. Mon conjoint critiquait tout ce que je faisais. Ma famille prenait des nouvelles, et j'ai fini par craquer et par répondre à ma tante : "écoute, non, ça ne va pas , je me sens débordée et défaillante, laissez-moi tranquille ". Ils sont arrivés au triple galop, pour dire à mon conjoint qu'il déc*** un peu.
Pendant un an et demi, j'ai surjoué l'amour maternel sur la base du principe "Fake it until you make it" (Fais semblant, ce sera payant!), en me disant que l'appétit venait en mangeant. Mais intérieurement, je me sentais vide, j'avais l'impression d'avoir pris dix ans, que ma vie était finie. Je ne ressentais plus grand chose. Et chaque conseil, je le prenais comme une preuve de plus que j'étais une mauvaise mère. J'ai eu des idées suicidaires, pensant que je n'étais pas irremplaçable et que mon conjoint trouverait bien mieux pour lui et pour mon bébé.
De par ma fatigue, je ne voyais plus vraiment mes amis non plus. D'autant que comme je ne voulais pas paraître enquiquinante ou plombante, j'avais tendance à me replier pas mal.
Une de mes meilleures amies m'a recommandée pour son poste en partant, et je l'ai eu. Cela m'a permis de me faire d'autres amis, motivée pour reprendre une vie associative. L'amour maternel est enfin arrivé. Et mon petit garçon est super joyeux, mignon, curieux et intelligent. J'ai appris à passer le relai quand j'en avais assez. Et j'en attends un deuxième. Je ne voulais pas que mon fils grandisse tout seul.
J'ai mis les mots "dépression post partum" sur ce que j'ai vécu
Comme j'ai honte de ce que j'ai fait traverser à mes proches en leur causant du souci, et honte tout court, parce qu'on vit dans une société où ce n'est pas permis de dire qu'on ne va pas bien, j'ai l'impression que tout ce qui s'est passé est de ma faute et que j'aurais pu faire mieux. Mais maintenant je vais demander de l'aide pour que ça ne se reproduise pas quand mon bébé naîtra.