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Une vraie place auprès de notre fille



Chloé est née le 17 novembre 2014. J'ai accouché de ma fille en urgence par césarienne suite à un début de pré-éclampsie. Je n'ai pas mal vécu la césarienne en elle même, autrement dit l'opération ; mais plutôt l'après césarienne. La sage femme a dû m'appuyer sur le ventre pour faire sortir d'éventuels caillots, ce qui a été très douloureux. De plus, je ne pouvais pas prendre Chloé de moi-même dans les bras, car le moindre mouvement était douloureux les trois premiers jours. Pourtant, cet épisode ne m'a pas empêchée d'avoir une bonne relation avec ma fille.

Je  suis restée à la clinique durant dix jours à cause d'une tension encore très élevée. J'ai choisi d'allaiter notre fille, ce qui m'a beaucoup fatiguée. Chloé me réclamait beaucoup le sein, je pense après réflexion qu'il aurait fallu que je fasse un complément au biberon.

Là-dessus les fêtes de Noël sont arrivées, nous avons voulu être partout et cela a encore occasionné beaucoup de fatigue.

Le 31 décembre je me suis sentie dépassée par mon épuisement, submergée par le quotidien : le linge, les courses, les repas, bébé qui pleure et dont il faut s'occuper... J'ai fui, je suis partie de mon logement en pensant trouver un thérapeute; heureusement ma fille était avec son père ... Je suis revenue de moi- même à mon domicile, mais je n'adressais plus la parole a personne;  je me suis sentie extérieure à moi même, en état de choc. Mon surmenage s'était converti en un état délirant, dans lequel je ne contrôlais plus rien. Engloutie par mes émotions, il me semblait que la poussée hormonale d'après l'accouchement n'avait jamais cessé et me dévastait intérieurement.

Mes parents m'ont emmenée à l'hôpital, et en accord avec eux les urgentistes ont décidé de me faire hospitaliser dans un centre psychiatrique. Je faisais une dépression délirante, j'ai donc été hospitalisée deux mois dans ce centre. Ensuite, grâce à mon entourage et aux professionnels de santé, j’ai pu être hospitalisée dans une unité mère bébé à Poitiers.

Le suivi dans cette unité mère bébé a été un véritable moteur pour que je puisse retrouver une relation authentique avec notre fille, car je n'avais plus envie de m'en occuper. Le relais avec les infirmières et la pédopsychiatre m'a permis de reparler, de mettre des mots sur mes maux ...

J'ai pu participer à quelques activités avec Chloé et les infirmières :  comptines, promenade a l’extérieur... Mais les activités ont surtout été centrées sur moi ; les infirmières m'ont aidée, grâce à la balnéothérapie, à retrouver les sensations avec mon corps, mouvements des doigts, des bras...

Nous y sommes restées durant 4 mois à temps complet sauf les week-ends, de mars à juillet. Puis de juillet à octobre nous y sommes allées en consultation tous les jeudis.

Notre retour n'a pas été facile, car la belle-famille avait pris une place trop importante dans notre vie. Au début je me suis sentie exclue de mon rôle de maman : ma belle-mère avait tout le temps Chloé dans ses bras, la changeait, la faisait manger ... Après plusieurs explications, j'ai réussi à retrouver une vraie place auprès de notre fille.

J'ai demandé à me faire suivre par un thérapeute pour tenir face aux critiques constantes faites par ma belle-famille à la sortie de l'unité mère-bébé. Ce parcours m'a permis de dire les choses aux personnes comme je les ressens, au lieu de les garder pour moi. Avec mon conjoint nous avons également décidé de faire une thérapie de couple pour nous décharger un peu de cette expérience qui reste difficile malgré tout.

Avec beaucoup de volonté et de discussions j'ai réussi à reprendre le dessus. Au début je me suis forcée à faire des sorties à l'extérieur avec Chloé, en me faisant aider par ma mère ou ma tata qui m'accompagnaient durant les sorties un jour sur deux.  Petit à petit j'ai repris plaisir à sortir avec ma fille et cela est même devenu tout à fait naturel.

J'ai repris mon travail en mi-temps thérapeutique depuis décembre 2015.

Les personnes qui ont été aidantes sont mes parents, mon conjoint, ma tata, mes amis ... et côté professionnel, ma thérapeute, et la pédopsychiatre et la puéricultrice qui intervenaient auprès de nous.

Un suivi pour Chloé a été mis en place, assuré par une puéricultrice qui venait tous les 15 jours et une pédopsychiatre que nous consultions au CAMSP pour surveiller son évolution. Ce suivi était une mesure de précaution : ma fille se développe normalement, et c'est une petite fille pleine de vie et d'ailleurs très intelligente. Elle continue de voir un pédopsychiatre et participera bientôt à un atelier avec un petit groupe d'enfants pour voir comment elle se comporte avec les autres

Je voudrais vous encourager si vous vivez une situation difficile, et vous dire qu'on arrive à s'en sortir avec beaucoup de volonté et de courage et aussi grâce à son entourage et aux professionnels de santé.




Stéphanie

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